Le 20Avril

Le 20 avril. Une date, un anniversaire. Pour les imazighens, c'est le printemps berbère.

Il fût un temps, chez les chaouis, fêter le 20 avril était synonyme d'aliénation et d'alliance avec les kabyles.

Il est vrai aussi que les chaouis n'étaient pas des acteurs dans les évènements du 20 avril 1980 et sa célébration, dans la région chaouie, se limiter à des militants très convaincus. Ceci explique cela.
On ne peut célébrer convenablement un évènement, dans lequel on n'est pas impliqué historiquement, si on ne s’est pas approprié l'esprit et lui donner un prolongement porteur de changement.

Un certain moment, il était question de créer un printemps berbère chaoui en poussant les militants à l'affrontement avec les appareils de l'Etat. Un moyen comme d'autre pour faire bouger les choses.

Lourd était l'héritage. Les chaouis étaient bernés par les discours nationalistes et arabo-baâthistes. Le prix chère payé pendant la guerre de libération a pesé. Les gens aspirent plus à la paix et au progrès social.

L'absence des traditions de luttes et mouvements sociaux (ouvriers, intellectuels, estudiantins...), la marginalisation économique et culturelle de la région sont les principaux causes des retards accumulés par les chaouis dans tous les domaines. Principalement intellectuel et politique.
Il faut ajouter à ces facteurs le rôle néfaste qu'a joué l'école, le premier appareil idéologique de l'état, dans l'acculturation des chaouis.

Le travail accompli par les initiateurs du mouvement berbère, pour ne pas dire chaoui, dans les Aurès, durant les deux dernières décennies, a changé les mentalités et a fait évoluer la conscience identitaire et civilisationnelle des chaouis malgré le poids et la résistance des citadelles de tous les bords (à commencer par les chaouis eux mêmes).

Des associations ont été crées dans pratiquement tous le pays chaoui, des groupes musicaux, des enfants portent des noms amazighs, des équipes de Football (US Chaouia d'Oum El Bouaghi), des noms de magasins en chaoui...
Les habitants du pays chaoui s'affirment chaouis. Parler chaoui ce n'est plus un tabou ou signe d'"arriération". Le rapport de force est inversé. Le mouvement démocratique y est pour quelque chose.

Aujourd'hui, le mouvement berbère a atteint ses limites. Les querelles de chapelles, surtout en Kabylie _ exportées en partie chez les chaouis, ont essoufflé le mouvement.
A mon avis le combat des culturalistes est submergé par le politique politicien. On assiste à la création et à l'émergence des MCBs de toutes les couleurs. Alors que le MCB historique se voulait unitaire, neutre et indépendant. C'était une illusion.

Les gens qui se disent qu'on est berbère, en l'occurrence chaoui, et après ? Ma foie, ils posent des questions de fonds et interpellent le mouvement culturel berbère en algérie.

Pour moi, j'avoue que cette année l'anniversaire du 20 avril n'a même pas traversé mon esprit.
Est ce la fin des symboles et une quête d'une alternative plus mobilisatrice d'énergies?.

G.B, le 19 Avril 2003