Amirouche, le protest song Chawi
6 octobre 2006

Amirouche, plus que jamais rebelle, mature et engagé, signera son nouvel album de textes profonds, actuels et enracinés. Empreints de luttes et de revendications, chantant T’Kout la martyre, les Aurès de son enfance et ses enfants d’aujourd’hui, qui courent après eux-mêmes, ils courent vers leur liberté et leur identité retrouvée.

Amirouche, le digne fils d’Himsounine, considéré comme l’enfant terrible de la chanson chawie. Sur les traces des pionniers de la chanson contestataire berbèro-chawie, tels les Markunda, Souhali, les Berbères ou Dihya qui ont peiné à exprimer leurs arts, travaillant dans une quasi-clandestinité. Cette deuxième vague, la génération des Nouari, Massinissa ou Boumaraf et de présentement Amirouche, qui nous promet un retour flambloyant avec un prochain album.

Ses fans attendent son retour sur scènes avec impatience, ils ne seront pas décus. Amirouche, plus que jamais rebelle, mature et engagé, signera son nouvel album de textes profonds, actuels et enracinés. Empreints de luttes et de revendications, chantant T’Kout la martyre, les Aurès de son enfance et ses enfants d’aujourd’hui, qui courent après eux-mêmes, ils courent vers leur liberté et leur identité retrouvée.

Amirouche avec conviction et sans compromis, viendra à nouveau dire et témoigner de la souffrance de son peuple et, comme il aime à le dire : les silencieux ne sont que des complices.

Entretien :

AdN : Amirouche, si vous le permettez, avant de parler de votre carrière et de votre prochain album, j’aimerais revenir sur vos débuts, qui est Amirouche ? Comment êtes-vous arrivé à la chanson ?

Amirouche : Chanteur Chawi, originaire de Himsounine (dans le sud des Aurès), c’est la chanson qui est venue à moi. Dans ma vie la chanson se pratique au quotidien, aussi, j’ai senti très jeune le besoin de dire, de m’exprimer, mais pas uniquement pour raconter, mais aussi protester et contester.

AdN : Quels sont les thèmes abordés dans vos chansons, quelles sont vos sources d’inspiration ?

Je partage le quotidien de mes concitoyens : détresse, amour, joie et espoir.

Depuis que je vis en France, je suis resté à l’écoute de ce peuple, et je constate que rien n’a changé et mes chansons reflètent cet état de fait.

AdN : Peut-on aujourd’hui, en Algérie, exprimer librement ses opinions ou ses sensibilités à travers la chanson ou est-il encore indispensable d’avoir recours à des métaphores ?

Le politiquement correct reste la règle ! Moi sur scène, je m’exprime librement : La production, la promotion et la diffusion m’échappent ; à titre d’exemple, la chanson Therwa n Ilfen, que vous appréciez tant, tirée de mon dernier album "Ussen" n’a été révélée au public que 4 ans après et encore mutilée (scindée en 2 parties !) !!

AdN : Votre carrière vous amène à enregistrer plusieurs albums, participez-vous à des festivals et tournées en Algérie, en Afrique du Nord et en Europe ?

J’ai produit trois albums et mes tournées se sont déroulées dans l’espace Amazighophone : Kabylie, pays Chawi, et chez les Ichenweyen, j’ai participé à des galas ici en France (ateliers du Vent à Rennes, Marseille ou au Zénith en solidarité avec les martyrs du printemps noir....) et aux journées internationales des peuples autochtones à Genève...

AdN : Le public de nos jours, en grande majorité, souhaite des chansons rythmées qui font danser, le texte n’est plus une priorité pour beaucoup. Que pensez-vous de cette tendance chez-nous ?

Je suis partisan de la qualité, donc pour le texte porteur d’un message, de mon coté je fais de mon mieux pour donner du bonheur à mon public.

AdN : Avez-vous eu des réactions par rapport au fait que vous chantez en langue Tamazight chawya ?

J’ai connu le sommet de l’intolérance : j’étais agressé physiquement à la maison de la culture de Batna, pour les raisons que vous invoquiez, chanter dans ma langue !!

AdN : Parlez-nous un peu de votre public. Avez-vous chanté en Kabylie ?

Mon public est plutôt chawi aurassien, on m’écoute à l’université, dans les champs, dans les taxis..., je suis issu de ce peuple, je le sers pour sa grandeur malgré sa misère. Oui bien sûr ! J’ai chanté en Kabylie où j’ai été très bien reçu, je garde un souvenir émouvant du concert en hommage à Slimane Azem, donné dans son village natal, du pur bonheur !

J’ai eu à plusieurs reprises à me produire sur les scènes Tizi-ouziennes, comme lors du gala donné au stade de Tizi en 1991, en solidarité avec le peuple Targui (Berbères du Sud). J’ai aussi en tête, le méga concert programmé à Tizi-ouzou, pour la commémoration du printemps berbère 90, qui drainé une foule impressionnante ! Mais, encore une fois, le concert a été annulé, pour les raisons que vous connaissez.

AdN : Que pensez-vous de la chanson Kabyle actuelle ? Quelles sont vos références en la matière ?

Je reste sur mon nuage !! Dans le désordre : Matoub, qui m’a reçu chez lui ; Idir, Ait Menguellet, Ferhat, Idheflewen et j’en oublie...

AdN : Y a-t-il des passerelles artistiques entre ces deux courants de la culture amazighe algérienne ?

La notion de passerelle ne devrait pas exister, nous sommes un seul peuple et une seule culture. La médiocrité, et la production mercantile ont fait barrage !! Imaginons un duo kabylo-chawi, chacun dans sa langue ! Imaginons...

AdN : Quel regard jetez-vous sur la politique culturelle de l’Algérie, notamment par rapport à la langue et à la culture Amazighe ?

La politique culturelle en Algérie est une politique de négation de la composante amazighe ! Et le peu ; qu’elle y consent, est un non-sens : un exemple, le festival de Timgad est devenu un festival oriental !! Il est temps de penser à organiser un grand festival propre à la culture amazighe, avec toute les composantes amazighophones et il y en a !!

AdN : A travers vos albums on retrouve des sonorités traditionnelles, d’autres plus modernes. Parlez-nous de votre prochain album.

Mes premiers album ont été enfantés dans la difficulté ! Là, je prends mon temps pour revenir à la source : des sonorités typiquement chawies avec des textes élaborés après un silence de près de 10 ans !! Vous ne serez pas déçus....

AdN : Quel est votre dernier mot ?

Ines-sen a’dehwa-en !!!

AdN : Tanemirt-ik d’avoir accepté de répondre à nos questions. Nous vous souhaitons une belle et longue carrière artistique.

Merci de m’avoir ouvert vos colonnes, bon vent au magazine Afrique du Nord.com

Franci

Entretien accordé par le chanteur Amirouche à Franci pour Afrique du Nord.com (AdN), avec la collaboration amicale de notre ami Yella.

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