Aïn Beïda - Le tapis des Haraktas en péril

Jeudi, 16 Aout 2006

Elles sont loin ces belles années où des centaines de touristes faisaient leurs virées pour s’arracher le fameux tapis des Haraktas d’Aïn Beïda. Est-ce le chant du cygne pour l’artisanat et surtout le tapis, à Aïn Beïda? Le riche potentiel en matière d’artisanat (tapisserie, poterie, bijoux, céramique traditionnelle) ne cesse de dépérir avec les âges. Les dernières femmes accoudées à leurs métiers à tisser ont disparu, même les jeunes filles formées pour les petites fabriques ont «lâché». Les rares appuis de la localité ou de l’ex-unité de tapisserie n’ont pas permis de conserver ce noble métier. En effet, faute de soutien, voire d’encouragement, l’artisanat et la fabrication locale de tapis ne cesse de dépérir. D’ailleurs, rares sont les ménagères qui s’adonnent au travail de la laine et à la confection de burnous, kachabias et autres «henbels». Le tissage à Aïn Beïda, quand le tapis des Haraktas concurrençait ceux des voisins Nememchas de Tebessa et Khenchela, a donc disparu et c’est dommage pour un aussi précieux matériel. A cause du coût excessif de la laine brute, ce métier a disparu de la ville des Haraktas. La dernière unité artisanale des années 70 à 90, a été transformée en une autre structure. On n’a pas su maintenir cette tradition. Néanmoins rien n’est encore perdu expliquera une ancienne responsable de cette unité, des centaines de filles initiées auparavant à la confection de tapis peuvent redorer ce blason car elles sont toujours là. La survie du tapis des Haraktas dépend de cette pléiade de tisseuses qui aspirent à reprendre le métier si la localité leur fournissait les moyens entre locaux et marchandises, estimera notre interlocutrice. La question reste posée: peut-on donc redynamiser ce métier?

R.Benmecheri
Source : Le Quotidien d'Oran