Aïn-Touta asphyxiée par la poussière des carrières
Mercredi, 11 juin2008

Qui mieux que Aïn-Touta connaît les affres du changement du climat? Fontaine des mûriers, elle était drainée par les eaux de trois oueds et connue par ses vergers et cultures maraîchères, sa piscine et surtout son climat et son cadre charmant qui prête au repos et attire les estivants du Sud, biskris, ourguelis...
Avec les années, la troisième ville de la wilaya de Batna (76 000 âmes) a connu la crise de l’eau pour devenir la commune où l’on résiste le plus à la soif. Rares étaient les mois où le robinet coulait deux fois pendant la trentaine, moins de deux heures, de nuit et chez ceux qui disposent de pompe. Avec la mise en service du barrage Koudiet Lamdaouar, la satisfaction des citoyens en AEP est grande malgré un tour à trois jours mais de l’eau pour toute la journée. Depuis des années aussi le cinq juin est un rendez-vous à ne pas rater, rassemblant les élus, les universitaires, et simples citoyens... pour un débat sur la préservation de l’environnement. Jeudi passé, le centre culturel a accueilli la journée d’information et de sensibilisation sur la protection de l’environnement initiée par la direction de l’environnement en collaboration avec un bureau d’études, la Société des ciments de Aïn-Touta et la commune. Pollution de l’air, pollution de l’eau, dépôts sauvages des ordures ménagères, exploitation sauvage des sables des oueds, manque de verdure... le constat est alarmant, vivement que le premier responsable de la commune prenne le taureau par les cornes. Prise en tenaille entre la cimenterie et pas moins de 39 carrières d’agrégats, la ville de Aïn- Touta est asphyxiée par la poussière qui n'épargne personne : homme, faune, flore et cadre de vie. Exemple, chaque carrière laisse échapper 5% de sa production en poussière de silice. Sachant qu’aucune de ses carrières n’est équipée en électrophiltre et qu’aucune mesure d’atténuation de la poussière n’est prise par les exploitants comme l’aspiration des poussières, en particulier humidification, et comme la demande de granulat (gravier et sable) est grandissante pour les besoins de la construction et la concrétisation des grands programmes de développements de la wilaya et même des wilayas limitrophes, vous devinez l’ampleur du mal. 1 000 tonnes de granulat équivaut à cinquante tonnes de poussière, c’est vous dire la quantité considérable des dépôts qui agressent les riverains, la végétation, la faune... sans parler des dégâts causés au paysage. Alors peut-on parler des dégâts causés par la cimenterie et dans quelques mois s’ajouteront les poussières de la nouvelle carrière d’agrégats avec une capacité de 250 tonnes par heure ou si vous voulez sa nuisance de 12,5 tonnes de poussière par heure. Pour ces raisons et pour tant d’autres, les participants au nom de la population de Aïn-Touta ont recommandé l’arrêt définitif des autorisations d’ouverture de nouvelles carrières autour de la commune de Aïn-Touta. Et comme la population de cette cité, selon les statistiques du milieu médical, souffre à 56 % de maladies respiratoires et particulièrement la silicose, et beaucoup, dit-on, sont morts de cancer, les participants n’ont pas manqué de demander aux responsables de la Société des ciments de Aïn-Touta de dégager une enveloppe financière pour diligenter une étude sur les dégâts occasionnés par la poussière à l’homme et la végétation. Après ce débat sur la pollution de l’air qui a laissé tout le monde sur sa faim, en plus du fait que la direction de l’environnement n’a pu apporter des éclaircissements encore moins des solutions, l’attention s’est braquée sur le centre d’enfouissement technique de la ville de Aïn-Touta complètement achevé et prêt à l’exploitation sauf que sa date de mise en service reste inconnue. Entre-temps les travaux de fermeture et d’éradication de la décharge sauvage de la commune sise à Cherraf El Halfa sont en voie d’achèvement. Après le transfert des déchets vers une zone de confinement, on a procédé à leur couverture préliminaire avec la mise en place du système de captage de biogaz et de traitement de lixiviations, à la couverture finale et imperméabilisation du site, il ne reste en fait que son intégration dans son milieu naturel et son aménagement. C’est-à-dire plantation, voies d’accès et sécurisation du site… Cependant le retard mis dans l’ouverture du CET contrarie beaucoup les plans de la commune qui a transféré les déchets ménagers vers un autre endroit sur la route de Maâfa. Temporairement, diton, mais comme chez nous le temporaire dure, vive la galère ! Signalons que les équipements du CET de Barika ont été volés et le temporaire chez eux est devenu définitif. Si en ce qui concerne le problème des eaux usées de la commune de Aïn-Touta la station d’épuration va régler en partie la problématique de la pollution des eaux tout en fournissant de l’eau dirrigation pour les vergers des Tamarins, l’extraction des sables des oueds constitue un souci majeur pour l’environnement : élargissement des seuils des oueds, érosion des terres, débordement des eaux lors des inondations en plus de tous les dangers qui s’ensuivent. Ce problème en plus de celui des dépôts des résidus des poulaillers de Chihet constituent des dangers pour les terres agricoles. Les participants ont recommandé la prise en charge de ces phénomènes par les réglementations en vigueur. En somme, une journée qui a apporté de l’eau au moulin du Dr Yahiaoui, un P/APC et aussi un militant de la protection de la nature. Une semaine après son installation à la tête de la commune, il crée une pépinière au sein même de la mairie avec des plants d’arbres à croissance rapide.

Source : Le Soir d'Algérie

Commentaire

Ca fait des années que cette situation perdure. L'homme détruit son environnement "temporel", puis fait appel à des forces métaphysiques et à des interventions divines pour les répartions.