Aurès - La situation de la femme rurale se détériore
Jeudi, 24 Aout 2006

La femme rurale dans les Aurès est loin d’apporter sa contribution active au développement de la région comme autrefois où elle était l’architecte et la bâtisseuse à côté de ses parents, de ses frères et de son mari. Les choses se sont beaucoup détériorées.
Alors qu’elle devrait agir pour son autopromotion, son intégration et contribuer au développement communautaire de son milieu, elle s’est retrouvée réduite à un état de servage et à l’entretien de la maison. Souffrant de l’analphabétisme et de l’absence de travail, marginalisée, cette force motrice du développement local est atteinte d’une véritable ankylose dont les conséquences ne pourront être que fâcheuses pour l’économie de la région des Aurès.
Nombreuses à être seules face à leur cruel destin, abandonnées par tout le monde, les femmes rurales sont obligées de s’adonner à toutes les tâches, même les plus humiliantes, pour se procurer ce qui est strictement nécessaire matériellement. Elles inventent différentes stratégies de survie et essaient de se débrouiller pour faire vivre leur famille. Elles fabriquent des tajine, roulent le couscous, vendent des herbes médicinales, des produits cosmétiques (henné et siwak), élèvent les poules, exécutent des travaux domestiques astreignants chez des familles aisées et subsistent des quelques sous qu’elles tirent des petits métiers à caractère artisanal qui ne font plus vivre de nos jours. Les quelques opérations d’aides et micro-crédits annoncées à cor et à cri à travers la radio et quelques organes de la presse écrite semblent ne pas avoir donné le résultat escompté : fixer les femmes rurales et contribuer à leur participation à l’économie du pays. Si quelques femmes au foyer que le “sort” a favorisé pour bénéficier de ces modestes sommes, octroyées dans le cadre de quelques opérations d’aides ou de micro-crédits, la plupart d’entre elles n’ont malheureusement pas accédé à ce service et leur situation sociale est dans la tourmente.
Pis, pour arracher une bouchée de pain et survivre, cette catégorie de femmes rurales défavorisées est obligée de s’adonner à d’autres pratiques dangereuses pour leur santé physique et morale. Vendeuses, mendiantes et parfois même prostituées, même si l’on fait semblant de les ignorer.
La réalité vécue par ces femmes au quotidien sont atroces et les solutions adoptées pour atténuer au moins les problèmes liés à la faim et à la pauvreté, sources de tous les maux qu’elles connaissent, sont humiliantes. Souvent délaissées ou abandonnées à leur sort par leurs maris, ou veuves, les femmes rurales luttent chaque pour chercher du travail en se déplaçant de ville en ville. Leur mot d’ordre, s’accrocher à la vie. Après la saison d’été viennent les saisons d’automne et d’hiver, saisons de grande indignation. Les activités deviennent très rares et ces malheureuses doivent boire le calice jusqu’à la lie.

Devant ce tourment et cette pauvreté extrême, ces femmes sont rongées, épuisées et éreintées sous le fardeau de la vie.

Boumaïla B.
Source : Liberté