Les centres de détente inexistants à Batna
Mercredi 26 Juillet 2006

A Batna, il fait une chaleur torride. Pendant la journée, ses ruelles sont pratiquement vides.
Ce n’est qu’en fin d’après-midi que les Batnéens franchissent le seuil de leurs maisons en quête de fraîcheur, de détente et de loisirs. Pour la fraîcheur, on est tenté de dire qu’ils sont bien servis. Quant à la détente et aux loisirs, c’est une tout autre histoire.
En effet, à Batna, les centres de détente sont pratiquement inexistants. «A Batna, nous n’avons pas de plages. Les Batnéens qui ont les moyens, peuvent se permettre d’aller à Annaba, Skikda, Béjaïa ou bien Jijel, Annaba pour y camper ou passer le week-end. Ceux qui n’en ont pas, restent en ville et se détendent comme ils peuvent. Le seul moment de la saison estivale qui leur permet de s’amuser est le Festival international de Timgad», confie un chauffeur de minibus.

Festival de Timgad, l’événement de l’année

La ville de Batna n’est pas dotée, comme la plupart des villes algériennes d’ailleurs, d’infrastructures culturelles, telles les salles de cinéma et de spectacles. Les manifestations culturelles que la direction de la culture organise ne sont pas très nombreuses et ne répondent généralement pas aux besoins des vacanciers.
Le seul événement de l’année reste le Festival international de Timgad qui attire le public, non seulement de Batna, mais également des autres villes comme Oum El Bouaghi, Biskra, Constantine et même Annaba. «Certaines familles venant d’autres wilayas n’hésitent pas à prendre des réservations dans des hôtels pour une nuit ou deux afin d’assister à une des soirées de Timgad et repartir le lendemain», relève le directeur de l’hôtel Chélia, le plus cher de la ville. Tandis que le festival bat son plein sur le site de Timgad, un public «sans le sou» se contente d’assister aux prestations de loin, à proximité de l’entrée du site. Au lieu de débourser les 800 dinars de billet d’entrée, pour les artistes étrangers et entre 200 et 500 dinars pour les artistes algériens, ce «public», dont beaucoup d’enfants, préfère «pique-niquer» avec du thé au cœur d’une grande place à proximité du site de Timgad. Là, il peut écouter de la musique gratuitement, tout en dégustant le breuvage chaud parfumé à la menthe.
Cependant, une fois le festival de Timgad clôturé, les Batnéens seront obligés de chercher une autre source de détente, notamment au cours du mois d’août.
Au niveau des autres communes comme Lambèse, Arris, Bou Salah, Taghit, Rassiran ou aux environs de Ghoufi, la situation est pire. Excepté une modeste cafétéria où se réunissent les habitants de la gente exclusivement masculine des villages, ces communes sont vides de toute structure.
Ces villages jouissent cependant de paysages et de sites naturels d’une beauté paradisiaque mais qui restent rarement visités, y compris par les villageois. Batna est considérée comme l’une des plus importantes régions touristiques d’Algérie. Capitale des Aurès, avec une superficie de 12 028 km² et habitée par 1 040 000 âmes, elle se caractérise par une grande diversité géologique et physique composée de chaînes montagneuses, de longs oueds et d’une partie sub-saharienne.

Une région boudée par les touristes

Riche en sites naturels et vestiges historiques et archéologiques, dont la cité romaine de Timgad qui, à elle seule, vaut le déplacement, la région est pourtant boudée par les touristes et même par les Batnéens eux-mêmes.
Selon le directeur de l’Association du tourisme et de l’artisanat de Batna, certains jeunes ne connaissent pas leur région et n’ont jamais eu la curiosité de visiter les sites faisant la réputation de la région des Aurès.
«Les Batnéens, notamment les jeunes, n’ont pas cette culture touristique consistant à visiter leur propre région qui n’est d’ailleurs pas complètement vide de touristes. Ils ne sont, certes, pas nombreux, mais ils existent. Ce sont surtout les émigrés qui viennent par ici passer des vacances à Batna et sortir sur les sites. Quant aux touristes européens, ils se comptent sur les doigts de la main. Ils sont attirés par les sites archéologiques mais pas seulement. Certains d’entre eux font également de l’alpinisme», assure le directeur de l’Association du tourisme et de l’artisanat à Batna dont l’objectif est de promouvoir les sites touristiques de la région et développer l’artisanat. «Même si les touristes affluent à Batna, il n’y a pas les infrastructures nécessaires et adéquates pour les accueillir», ajoute-t-il. Certes, la ville de Batna est dotée de plus d’une dizaine d’hôtels pouvant accueillir les touristes. «Mais ce n’est pas suffisant. Les plus importants sites sont situés ailleurs, en dehors de la ville. El Goufi par exemple est situé à 110 km de Batna. Si les touristes voulaient y passer la nuit, ils ne le pourraient pas. Il n’y a ni hôtels, ni auberges ni restaurants, même pas une cafétéria, vous imaginez ! C’est une région touristique certes, mais sans infrastructures», déplore notre interlocuteur.

Faeida Belkhiri
Source : La Tribune