Bir El Ater - Les paradoxes
Lundi, 01 octobre 2007

La cité de Bir El Ater suffoque sous le poids et l’influence d’un tissu urbain qui se développe d’une manière spontanée et anarchique. Il faut rappeler que la ville de Bir El Ater fut gérée par deux maires élus, l’un pour les Nememchas et l’autre pour les Ouled Abid. Les deux magistrats municipaux de l’époque exerçaient leur fonction au même siège de la mairie. C'est-à-dire qu’au milieu du couloir se trouvaient deux appariteurs, l’un orientait les gens vers le maire “lemouchi” et l’autre vers le maire “abidi”. Ce phénomène administratif, unique en son genre, a duré de l’Indépendance jusqu’aux années 1990.  Aujourd’hui, il existe toujours de fait. Il a développé des tentacules qui se sont ramifiés à l’intérieur de la société. Ces zones d’ombre se localisent dans plusieurs secteurs tels que l’éducation, le foncier, la santé et surtout lors des élections. En effet, le tissu urbanistique se trouvant tout le long de l’artère principale qui scinde la ville en deux, fait partie du décor contraste, qui laisse croire que les citoyens de la rive gauche vivent en aisance et dans le confort grâce, bien sûr, au commerce des frontières alors que les citoyens de la rive droite sont démunis car ils descendent des contrées rocailleuses et semi-désertiques, diamétralement opposées à la frontière.
Si en se référant à l’antiquité, autrefois, “l’homme atérien” a fait le bonheur de toute une cité qui s’étale jusqu’aux portes du désert, aujourd’hui, son descendant construit des édifices publics (écoles, lycées) et résidences qui sortent de l’ordinaire et ne répondent à aucune norme de l’urbanisme. Citons, à titre d’exemple, une maison qui occupe une superficie de 200 m2 et érigée mystérieusement sur l’axe routier Bir El-Ater-Oued Souf. Sa conception architecturale est unique dans le monde car les chambres sont au rez-de-chaussée et les garages à rideau métallique au premier étage, avec une seule porte d’entrée. Tout passager devant cette construction restera bouche bée.
L’autre mystère est marqué par l’existence de deux écoles primaires, l’une contre l’autre et géométriquement symétrique. Elles ont une cour et une seule porte d’entrée communes mais deux directeurs, certainement. Durant la rentrée scolaire 2007/2008, quelques parents d’élèves de Bir El-Ater se sont rassemblés devant le CEM Ouled Abid, pour empêcher le transfert de leurs enfants de première année moyenne vers un autre CEM nouvellement construit, suite à une modification de la carte scolaire de Bir El-Ater. Il s’agirait en fait de véritables problèmes purement ethniques où la notion de l’état nation se perd dans une malheureuse phobie de l’autre tribu.

Hafid Maâlem
Source :Liberté