Biskra : Quand les espaces verts font défaut
Jeudi, 05 octobre 2006


Si pour d’autres agglomérations l’aménagement d’espaces verts constitue vraisemblablement un acte d’esthétique, pour la ville de Biskra, la nécessité de la présence de la verdure est désormais plus qu’indispensable qu’ornementale, elle est vitale. Incontestablement, l’élément vert continue de faire défaut dans une ville où l’espace à aménager existe.
Mais il semblerait que ce soient les idées qui manquent, les décideurs politiques de l’époque de l’industrialisation n’ignoraient certainement pas les changements qu’allait entraîner l’implantation d’une plate-forme de cette importance aux alentours de la ville. Et conscients, quoique assez timidement de ce fait, ils programmèrent l’aménagement d’un nœud gordien d’arbustes qui devait servir de paravent et d’agent naturel de fixation des agents polluants que peuvent constituer les résidus et autres poussières que dégagerait la zone industrielle. D’autant plus que, de par sa situation à l’ouest de la zone et sujette aux caprices des vents du Sud, la ville s’est retrouvée à constituer un espace propice aux émanations d’une poussière très polluante et qui surplombe la ville. Cette zone, qui devait constituer une structure verte, a depuis le temps et devant l’urbanisation de style banlieusard que connaîtra la ville, les périmètres destinés à l’aménagement de cette zone allaient à jamais disparaître par la force de la couverture conjoncturelle de l’urbanisme. Aujourd’hui, et avec l’extension urbanistique assez chaotique de la ville, il n’en demeure qu’un versant de plaines et de terrains vagues, assez accidentés ne constituant désormais qu’un vague souvenir. Les périmètres censés constituer des zones à boiser se rétrécissent d’année en année, sans que les responsables interviennent pour stopper l’hémorragie qui les absorbe et qui risque, au cas où les choses perdurent, de constituer un danger pour la santé publique. En plus de la dégradation continuelle que connaît la ville, les espaces verts constituent ainsi une tare de plus pour Biskra. Tous les jardins publics et autres squares datent de la période coloniale. Durant quarante-trois ans d’indépendance, aucun aménagement vert digne de ce nom n’est venu agrémenter le paysage de la ville. Pourtant, que ce soit au temps des DEC ou après, des sommes colossales ont été investies à ce chapitre, mais le manque d’un suivi rigoureux a fait que chaque nouvel exécutif recommence ce que les précédents ont englouti, et les choses semblent toujours aller dans le même sens. Au niveau des cités, les aires censées constituer des périmètres à boiser ne forment que des terrains vagues à poussière. D’ailleurs, ces derniers reviennent à la mode et constituent aujourd’hui des terrains de prédilection pour l’urbanisme, loin de toute recherche sérieuse. Un nouveau concept de l’urbanisme semble être à la mode à Biskra, où, au milieu des cités, on n’aménage pas des espaces verts et d’autres aires de jeux, mais on érige d’autres formes de structures, appelées communément terrains de proximité. L’aménagement des espaces verts dans une ville aussi sensible et compliquée que Biskra et dont la pluviométrie reste l’une des plus faibles à l’échelle nationale mérite une étude plus rapprochée. Les expériences des années précédentes ont montré leurs limites. Des démarches ont été engagées uniquement pour débloquer un budget relatif. Tous les aménagements entrepris jusque-là n’ont pris en considération ni l’essence des plants appropriés au type saharien qui caractérise la région ni leur utilité scientifique en tant qu’élément fixateur des poussières. Cependant, on assiste aujourd’hui çà et là à une poussée de mise en terre de plantes dans différents quartiers de la ville par des associations. Cet état de fait dénote une absence quasi totale d’une recherche sérieuse en matière d’aménagement d’espaces verts. C’est vrai que la verdure ne constitue pas une solution finale au problème de la pollution atmosphérique par la poussière de la ville, mais représente toutefois un moyen d’atténuation des dangers à ne pas négliger, surtout si une prise en charge réelle du problème venait à se manifester loin de toute précipitation, mais qui se baserait sur des données scientifiques pour l’adoption et la mise en pratique d’une politique de verdure durable.

Nabi Ben
Source : Le Soir d'Algérie

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