Chemora - Les fellahs veulent de l'eau
Dimanche, 24 février 2008

L'ensemble des fellahs de la wilaya de Batna attendent toujours et patiemment, la pluie, qui selon plusieurs d'entre eux, a trop tardé cette année. Ces fellahs qui n'ont pas hésité à labourer leurs champs malgré les signes de sécheresse apparus depuis le mois d'octobre.
Dans une visite dans la région Est de la wilaya de Batna, on a constaté l'inquiétude des éleveurs qui ont ras le bol de cette sécheresse car dans ce cas, généralement, ils font appel à l'aliment du bétail dont les prix sont très élevés. Certains, dans la commune de Chemora, nous expliquent que le quintal de fourrage atteint les 1.800 DA et ne dure pas plus de 3 jours vu le nombre de bêtes qu'ils possèdent. Notons que cette région fort connue pour sa production céréalière et qui compte plus de 18.000 ha est, actuellement, menacée par la sécheresse malgré la réalisation du barrage dit «Koudiet Medaouar».
Ce grand projet qui était un rêve alimente, aujourd'hui, quelques villes de la wilaya de Batna en eau potable telles Tazoult, Batna, Aïn Touta, Barkia, en attendant l'alimentation prochaine de la ville d'Arris. Le barrage dessert également quelques villes dans la wilaya de Khenchela
Hamoudi Laïb, président d'une association de producteurs de la région de Chemora clame que la plaine de Chemora dont la superficie dépasse 18.000 ha, s'irriguait à partir de l'oued de Chemora depuis la période coloniale. L'irrigation, selon notre interlocuteur était organisée de façon que chaque parcelle de terre avait son propre tour bien limité selon sa superficie: ce qu'on appelait le «noub», nous dit-il, alors que la production du blé et d'orge, ajoute M. Laïb, atteignait jusqu'à 60 q/ha. Maintenant et en absence d'eau la production est très faible. Ce fellah avoue qu'en effet l'alimentation de la population en eau potable passe avant l'irrigation mais, selon lui, l'Etat doit aussi se pencher sur ce problème afin de trouver une solution car, explique le président de l'association, il s'agit d'une affaire d'économie nationale. Notre interlocuteur nous a posé la question: «pourquoi l'Etat nous donne les constructions rurales? C'est pour que les fellahs restent sur leurs terres et ne contribuent pas à l'exode rural? Alors comment peut-on rester sur des terres sans eau?». Un autre éleveur qui nous a suivi pour nous dire qu'il faut visiter le souk hebdomadaire pour avoir une idée sur le prix des moutons. Comment peut-on élever des bêtes dans des conditions aussi difficiles quand la paille se vend à 200 DA la botte et le foin à 1.800 DA le quintal?
Les fellahs lancent un appel de détresse aux responsables de la wilaya afin de porter leur regard sur eux et intervenir auprès des services des eaux pour pouvoir bénéficier de quelques lâchers pour sauver cette plaine réputée pour ses bonnes récoltes de blé et d'orge.

Source : Le Quotidien d'Oran

Commentaire :
Quand la désertification du Pays Chawi fait son chemin tranquillement sans qu'on lui résiste. Quand le tissu forestier du mont de Cheliyeth se fait piller en plein jour au su et au vu de tous. L'eau ne tomberait pas du ciel d'autant plus que le bon dieu est resté insensible aux prières (salat al-istisqa) de ses créatures les humains.