Constantine - Glissements de terrain : Des centaines de milliards et la thèse du bluff
Mercredi, 04 Juillet 2007

Pont suspendu de CirtaLa question du glissement de terrain à Constantine, réduite pendant longtemps sa portion congrue, surgit d'une manière presque inattendue au tout début de l'année 1999 pour finir par constituer une toile de fond de toutes les actions entreprises, par les autorités, dans la cité, en matière d'habitat et d'urbanisme.
La question fut remarquablement montée en épingle et elle finit par constituer presque tout naturellement «l'urgence du moment». On ne sait trop comment fut décrétée la gravité de la situation, mais l'on jugea opportune et fort judicieuse l'adoption par un conseil interministériel d'un «plan d'urgence pour Constantine» qui pesait 1.500 milliards. Tout le monde était d'accord -que les glissements de terrain affectent plus de la moitié de la ville de Constantine, soit 120 ha de sa superficie, et menacent 15.000 habitations abritant 100.000 personnes. Enfin presque tout le monde était d'accord- «car nombreux étaient ceux qui affichaient publiquement leur intime conviction que les risques encourus par les occupants de Belouizdad seraient exagérés... Ce ne sont que des allégations que les autorités entretiennent depuis quelque temps pour déloger les gens et ensuite récupérer les assiettes foncières». Une véritable controverse s'installa alors. Il fallait du concret. Ne restait donc qu'une autorité en la matière pour trancher techniquement un débat où les arrière-pensées avaient fait flores.
Cette autorité s'appelait Simecsol. Une entreprise française spécialisée dans l'étude des sols et sous-sols qui a été retenue, une première fois, en novembre 2000, parmi plusieurs entreprises étrangères et nationales, pour mener le programme de la prévention des glissements.
Le contrat d'un montant de 106 millions de DA avec un taux transférable en devises de 40%, une fois soumis à la commission nationale des marchés sera rejeté en raison de la «non-inscription» de ladite soumission au Bulletin Officiel des marchés de l'opérateur public (Bomop). Elle soumettra son offre une année plus tard et aura gain de cause... Les experts du bureau d'études français Simecsol, ont levé en partie le voile sur les causes et problèmes qui ont accentué ce phénomène à Constantine. Les glissements de terrain, phénomène naturel qui ne date pas d'hier à Constantine et dont l'évolution remonte à l'année 1972, ont été aggravés par l'intervention de l'homme et ce, par une urbanisation qui n'a pas pris en compte les données, ô combien particulières, du site de la ville. D'après les représentants du bureau d'études, les séismes, les spécificités du sol, les déperditions hydriques sont à l'origine du phénomène. 12 zones seront répertoriées à haut risque. 15.000 logements sont menacés. Autant dire que la moitié du centre de la ville de Constantine devait être rasé pour laisser place à des parkings et autres structures légères. Curieusement, les voix qui se sont élevées pour dire que le phénomène de glissement de terrain qui affecte Constantine n'était pas aussi grave que l'on prétendait avaient fait long feu. Sauf que et contre toute attente, le nouveau wali de Constantine Abdelmalek Boudiaf prenait carrément le contre-pieds de la thèse défendue par ses prédécesseurs en affirmant publiquement, en 2006, qu'il ne croyait pas tellement à la gravité du glissement de terrain à Constantine.
Il y a une année, le premier responsable de la wilaya avait tenu à préciser au «Quotidien d'Oran» qu'il donnait là un avis personnel. Mais voilà que jeudi passé, à l'université Emir Abdelkader, Abdelmalek Boudiaf revenait publiquement à la charge pour affirmer, encore une fois, que le glissement de terrains n'était pas aussi grave que l'on voulait le présenter.
Un avis personnel? Le wali de Constantine ne donnait aucune précision à ce sujet. Tout porte à croire que Abdelmalek Boudiaf n'a pas perdu son temps pour conforter, de sources autorisées, ce qui était, il y a une année, une conviction personnelle. S'il a tenu à évoquer publiquement la question ce n'est assurément pas par hasard. Reste à savoir quelle thèse le wali veut démolir? Remet-il en cause le plan d'urgence de Constantine avec ses 1.500 milliards de centimes? Veut-il s'opposer à ceux qui veulent acquérir le foncier de Belouizdad pour ériger des buildings ultra-modernes? Conteste-t-il l'affectation de près de 9.500 logements pour les victimes de glissements de terrains? Remet-il en cause le sérieux des études du bureau d'études français Simecsol? Ou tout bonnement prend-il les devants face à certaines forces d'inertie qui prendraient pied sur le problème du glissement de terrains à Constantine pour contrecarrer les grands chantiers qui s'ouvrent à Constantine comme le tramway, ou le grand pont? Autant de questions qui laissent penser, en tout cas, que la digression du wali Abdelmalek Boudiaf n'a rien de gratuit.

Mohamed Salah Boureni
Source : La Qutidien d'Oran

Commentaire :
A ce rythme, seul le pont suspendu, fait positif de la colonisation, survivrait au phénomène de glissement et d'urbanisation. Massinissa rigolera bien de son mausolée qu'on veut détruire avec des bulldozers bien que ce dernier est bâti, bien bâti, sur un terrain non glissable et demande juste une réhabilitation.

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