Troubles
à Cirta
Jeudi, 10 janvier 2008
Le wali
qui devait présider hier une rencontre avec les élus locaux
dédiée à la gestion des collectivités locales
est resté cloîtré dans son cabinet, quadrillé par
un dispositif sécuritaire impressionnant. Et pour cause, plusieurs
dizaines de citoyens habitant le vieux quartier du Bardo étaient venus
exprimer leur colère vis-à-vis de l’imminente opération
de relogement et des péripéties qui ont prévalu au traitement
de ce dossier par les services de la wilaya, voire leur rejet catégorique
de l’éradication de cette cité mythique de Constantine.
Une opération qui s’inscrit, faut-il le rappeler, dans le cadre
du Projet programme de modernisation de la métropole Constantine (PPMMC),
objet exclusif de la visite attendue du chef de l’Etat. Si l’émeute
a été évitée de justesse hier, rien ne présage
un apaisement pour les journées à venir, notamment pour le début
de la semaine prochaine. Le relogement de près de 600 familles annoncé
pour ce dimanche est quasiment compromis par la menace des contestataires
qui promettent l’escalade au moment opportun. Dès lors, la question
lancinante qui se pose est de savoir si la visite prévue du président
Bouteflika n’est pas, elle aussi, compromise ? Tout porte à le
croire puisque «l’exhibition» d’hier, un jour férié,
a considérablement perturbé la circulation au centre-ville et
mis en alerte un dispositif de sécurité impressionnant. Plusieurs
centaines de locataires du quartier du Bardo ont investi, dans la matinée
d’hier, la rue Kennedy où siège le wali de Constantine
pour décrier les attributions de logements, distribués mercredi
dernier dans le cadre du fameux Projet programme de modernisation de la métropole
Constantine (PPMMC). Ces protestataires, qui réclamaient notamment
la révision de cette opération, ont été, selon
leurs dires, soit exclus de la liste des bénéficiaires de logements,
soit ont eu droit à de «misérables» appartements
de type F2 qui ne peuvent répondre à leurs besoins. Certains
parmi eux ont revendiqué l’indemnisation avant le recasement
puisque, à leurs yeux, l’expropriation de leurs biens reste encore
«floue» à partir du moment où rien n’a filtré
sur ce sujet, si ce n’est, les déclarations du wali, M. Abdelmalek
Boudiaf, promettant des indemnisations selon les prix actuels du marché
de l’immobilier ou encore le recours à la justice pour ceux qui
refusent de quitter les lieux. Une action qui ne peut être entreprise,
d’après eux, parce que les décisions de destruction de
leurs habitations, exigée par la justice n’ont pas été
délivrées. Aussi, les mesures prises par la commission chargée
du dossier de ne pas attribuer de logements aux femmes divorcées, lesquelles
étaient nombreuses hier devant le cabinet du wali, et aux personnes
âgées, n’a pas été du goût de ces protestataires
qui s’interrogeaient sur le sort de ces personnes âgées
qui représentent des cas sociaux particuliers. L’attitude
provocatrice du chef de daïra lors de la séance du tirage au sort
qui s’est déroulée hier dans des conditions particulières,
soit sous haute sécurité, a ajouté de l’huile sur
le feu. Ce responsable aurait suggéré devant tout le monde,
que les personnes âgées puissent trouver refuge, le cas échéant
à «Diyar Errahma». Hier aussi, ce même commis de
l’Etat a récidivé, péchant par son manque de tact
dans ses palabres avec les contestataires devant le cabinet du wali. «J’habite
avec mes frères et enfants dans un immeuble de 5 niveaux (18 pièces).
Ma sœur divorcée, à elle seule, habite dans un étage.
Comment se fait-il qu’ils l’excluent de la liste alors qu’elle
est propriétaire de tout un appartement de 100 m2 ? Où peut-elle
aller ? Les responsables de la commission avancent souvent des arguments qui
frisent le ridicule ! Comme quoi, c’est une femme solitaire
et ne peut se prendre en charge ou encore qu’elle transformera son appartement
en un lieu de débauche» affirme un sexagénaire qui jure
avoir des documents authentiques qui prouvent sa propriété.
Il ajoutera qu’il ne quittera jamais les lieux sauf en cas d’indemnisation
correcte. D’autres sont allés jusqu’à proférer
des menaces pour mener un mouvement de protestation plus violent dimanche
prochain, date arrêtée par la wilaya afin de recaser la première
vague des locataires du Bardo (600 familles). «Si aujourd’hui
nous sommes peu nombreux, dimanche nous seront plusieurs milliers. Nous n’irons
nulle part sauf après le dédommagement de tous les ayants-droit.
Personnellement, on m’a octroyé un logement mais, je suis solidaire
avec mes voisins qui ont été exclus alors que certains étrangers
au quartier, usant de tricheries, ont bénéficié de logements»
rétorque un jeune homme, la trentaine. Ce mouvement qui a pris fin
à la mi-journée après l’intervention des forces
de l’ordre qui auraient reçu l’ordre de se faire plus discrètes
et l’arrivée du chef de Sûreté de wilaya. Des arrestations
auraient été enregistrées parmi les protestataires qui,
il est vrai, ont quitté la rue Kennedy sans incident majeur mais jurent
de ne plus quitter leurs maisons. «Qu’ils m’évacuent
avec les débris de ma maison parce que je ne la cèderai jamais»
dira un autre habitant du quartier. Qu’en sera-t-il dimanche ?
Source : Le Soir d'Algérie
Evacuation
du quartier Bardo Les exclus du tirage au sort maintiennent la pression
Jeudi, 10 janvier 2008
Le groupe
d'habitants du quartier de Bardo, exclus pour rappel, par la commission compétente,
du tirage au sort, organisé mardi dernier au complexe culturel Mohamed
El-Khalifa, dans le cadre de l'attribution de logements au profit des bénéficiaires
de la première tranche (Aïn Asker), a fait, hier, le siège
du cabinet du wali exigeant d'être reçu par le chef de l'exécutif.
ULe mouvement de protestation, qui a pris très tôt ses quartiers
dans les environs, a été vite empêché de déborder
sur la chaussée, par un cordon d'agents de l'ordre, avant d'être
contenu sur le trottoir longeant le mur d'enceinte de la prison du Coudiat.
En fin de matinée, seuls une trentaine d'irréductibles, dont
la majorité étaient des femmes occupaient encore les lieux dans
l'espoir d'une audience improbable avec le wali ou le chef de daïra,
d'autant, disent-ils, qu'ils ne savent même pas pourquoi ils ont été
exclus du bénéfice du tirage au sort et donc du processus d'attribution.
Les portes du cabinet du wali étant restées hermétiquement
closes, les protestataires ont été «invités»
d'aller voir ailleurs du côté du bureau de recours au niveau
du secteur urbain de Sidi Rached.
Pour rappel, l'opération du tirage au sort en question porterait sur
un nombre appréciable de 600 logements, composés de F3 et de
F2.
Source : Le Quotidien d'Oran
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