Annaba - Un plan social chez Mittal Steel enflamme El-Hadjar
Jeudi, 02 Aout 2007

Une grève générale des travailleurs a paralysé, hier, le complexe sidérurgique Arcelor Mittal d'El-Hadjar. Le débrayage a été déclenché par le syndicat en réaction au projet de plan social qui prévoit le “départ en retraite” de 1 200 travailleurs que tente d'appliquer la direction générale du complexe sans l'avis de ces derniers et de leurs représentants. Une décision que le syndicat qualifie d'unilatérale et d'illégale parce qu'en contradiction avec l'esprit de la loi 90-11 du 21 avril 1990, comme dénoncé dans la saisine adressée par ledit syndicat à l'inspection du travail d'El-Hadjar. Ainsi, les 8 600 travailleurs des hauts fourneaux, des aciéries et des laminoirs, rejoints par leurs collègues des unités annexes du complexe ont observé un sit-in devant le siège de la direction générale après avoir mis à l'arrêt leurs installations. Joint par téléphone, le secrétaire général du syndicat UGTA de Arcelor Mittal, M. Smaïl Kouadria, déclare que le mouvement de grève enclenché est irréversible. Il devrait se poursuivre jusqu'à la satisfaction totale des revendications, du moins jusqu'à ce que les réserves émises par les représentants du collectif des travailleurs des 24 unités du complexe sur le projet de plan social soient levées. À ce propos, M. Kouadria indiquera que la démarche de la direction générale de Arcelor Mittal est biaisée et risque de créer un climat d'instabilité et de démobilisation au sein des collectifs. Le syndicaliste rappelle que le volet social qui est ainsi contesté ne tient pas compte des mises en garde des représentants des travailleurs, notamment en ce qui concerne le caractère conjoncturel de l'opération de mise à la retraite de 1 200 travailleurs à même d'y faire valoir leurs droits. “Nous (le syndicat d'entreprise) désapprouvons le fait que ce régime de retraite soit conditionné par un budget à l'avantage exclusif des 1 200 travailleurs concernés et qui prévoit d'indemniser à hauteur de 600 000 dinars chacun d'entre ceux-ci. Nous souhaitons au contraire en faire un acquis pour tous, sans limite dans le temps”, précise M. Kouadria en ajoutant que les représentants des travailleurs demandent également qu'un travail de sélection soit fait au niveau de la liste des ouvrants droit. “Les travailleurs dont le savoir-faire est avéré ne devraient être libérés que si leur relève est assurée par des gens aussi compétents qu'eux pour ne pas perturber le fonctionnement de l'outil de production…” Notre interlocuteur regrette aussi que le cahier des charges signé entre Arcelor Mittal et les entreprises privées activant sous contrat au sein du complexe sidérurgique d'El-Hadjar ne soit pas respecté par l'une ou l'autre des parties intéressées.
Il évoqua principalement la clause prévoyant le transfert de la relation de travail vers Arcelor Mittal des travailleurs formés pendant une période de plus de 6 mois par les entreprises de prestation citées. Autant de dépassements par le partenaire indien du cadre d'accords collectif qui le liait avec le syndicat d'entreprise. La situation de paix sociale qui a prévalu jusque-là au niveau du complexe est en tout cas sérieusement menacée aujourd'hui à moins que la direction générale de Arcelor Mittal ne renonce à ce qui est qualifié par les syndicalistes “d'opération de compression sauvage” et ne vienne à la table des négociations.

A. Allia
Source : Liberté

Commentaire :
On y arrive enfin au licenciement. C'était just une question de temps.

Arcelor mittal steel Algérie - 8000 travailleurs en grève
Jeudi, 02 Aout 2007

Toutes les installations et la chaîne de production étaient totalement à l'arrêt, y compris l'unité portuaire où les travailleurs ont refusé de procéder au chargement des produits laminés destinés à l'exportation et de décharger une cargaison de charbon. « Nous maintiendrons notre débrayage jusqu'à ce que l'appel de notre syndicat pour des négociations avec l'employeur soit entendu. Ce dernier a décidé unilatéralement et d'une manière déguisée de supprimer 1200 postes de travail. » Tel est l'argument avancé par les travailleurs pour justifier leur mouvement. Plusieurs centaines d'entre eux étaient en faction devant les locaux de la direction générale du complexe sidérurgique d'El Hadjar. Déterminés, ils ont interdit aux cadres dirigeants indiens et algériens ainsi qu'à la majorité des membres du conseil syndical, dont Smaïl Kouadria, secrétaire général du syndicat par intérim, et Aïssa Menadi, syndicaliste et médiateur, de quitter les lieux. Les travailleurs en avaient après M. Choudry, le n°2 du groupe indien Arcelor Mittal Steel. Chargé des aciéries à oxygène et des mines pour les zones Afrique et Asie, il était arrivé par avion spécial 48 heures avant pour signer la décision de « mise au départ volontaire » des 1200 travailleurs à partir de septembre 2007. « C'est un volet social déguisé et sans consultation du partenaire social que tente de mettre en application Arcelor Mittal Steel. Cette démarche unilatérale de l'employeur a créé un climat d'instabilité généralisée au sein des collectifs », a indiqué M. Kouadria. Avant de déclencher leur mouvement de colère, les travailleurs avaient, préalablement et durant 20 jours de négociations, tenté de ramener à la raison leur employeur. Ils en avaient aussi après l'organigramme. Ce dernier aurait été élaboré sans la participation des syndicalistes. Depuis 2003 et chaque année, ces derniers n'avaient pas cessé d'exprimer leur inquiétude quant au flou caractérisant la position de l'employeur sur cette épineuse question. Le 31 juillet 2007, tout en soulignant le non-respect par l'employeur des engagements pris, les syndicalistes ont estimé nécessaires des discussions sur le bilan de l'application du protocole d'accord du 3 juin 2007 et le traitement du dossier retraites. C'est dans ce cadre qu'ils ont proposé la tenue d'une réunion entre les deux parties le 5 août. Cette rencontre est sérieusement remise en question avec la décision unilatérale du n°2 du groupe Arcelor Mittal Steel de mettre à la porte 1200 travailleurs au 30 septembre 2007. Pour ce faire, il a débloqué une enveloppe financière équivalent à 600 000 DA à verser au titre d'indemnité de départ pour chaque travailleur. « Les dirigeants d'Arcelor Mittal Steel, dont M. Choudry, semblent faire peu de cas de la position du syndicat et du comité de participation. En fait, ils ont entamé la mise en route d'un plan draconien de dégraissage des effectifs. Des 8000 travailleurs, il ne devrait en rester que 4800 à l'horizon 2008. Ils se trompent lourdement en croyant que nous allons laisser faire », affirme le secrétaire général par intérim du syndicat. « Ils agissent comme s'ils avaient des assurances du côté des responsables politiques algériens », a-t-il ajouté.

Le bras de fer est ainsi entamé, d'autant plus que les syndicalistes ne veulent plus entendre parler de suppression d'emplois sous une forme ou une autre. Ils revendiquent le remplacement des départs à la retraite, conformément aux engagements pris au lendemain de la cession de la majorité des actifs du groupe Sider. Il faut préciser que des 14 000 postes de travail existants au 18 octobre 2001, date de prise en main du complexe sidérurgique par les Indiens, il n'en reste plus que 8000. « S'il croit que les assurances des politiques peuvent lui être d'un quelconque secours dans ses relations avec les travailleurs, le PDG d'Arcelor Mittal Steel se trompe lourdement. Il le constatera à ses dépens s'il persiste dans sa démarche », a indiqué M. Menadi, syndicaliste et candidat heureux aux dernières législatives. L'avertissement des syndicalistes via leur ancien secrétaire général est on ne peut plus clair. Expérimenté en matière de relations de travail avec les syndicalistes, Lakshmi Mittal, le big boss, devra en tenir compte. M. Kumar, le directeur général du complexe d'El Hadjar, en connaît un bout. Il a eu à apprécier la paix sociale que les syndicalistes ont réussi à maintenir depuis 2001, malgré la multitude de coups de semonce reçus. Le débrayage entamé depuis hier n'est rien comparativement à ce que les travailleurs menacent de faire si leur principale revendication, à savoir des négociations avec leur syndicat, n'est pas satisfaite. Hier à 7h, sans attendre la réaction de leur syndicat, les travailleurs ont pris possession de l'ensemble des ateliers et unités de production. Même MM. Menadi et Kouadria, habituellement écoutés, n'ont pas réussi à les convaincre de s'armer de patience. Les appels et correspondances de soutien de l'ensemble des syndicalistes de tous les secteurs d'activité n'ont pas cessé de tomber. A la direction générale du complexe, en présence de M. Amesrar, l'inspecteur régional du travail à Annaba, les responsables indiens ont eu à prendre connaissance de la détermination des travailleurs. Ils n'ont pas pu communiquer avec les gens de la presse. Le premier jour de débrayage, ils ont enregistré un préjudice évalué à plusieurs dizaines de milliards de dinars en termes de chiffre d'affaires. Les plus hautes instances du pays tout autant que la centrale syndicale et le ministre du Travail ont été saisis. Le débrayage pourrait prendre une tournure plus dramatique pour les finances d'Arcelor Mittal Steel. Les syndicalistes ont entamé les premières démarches prévues par la réglementation en matière de grève. Pour peu que l'employeur persiste dans son refus de s'asseoir à la table de négociations, ils annoncent l'émission d'un préavis de grève générale illimitée pour les prochains jours.

A. Djabali
Source : El Watan

Lakshmi Mittal dépêche son DRH à Annaba
Jeudi, 02 Aout 2007

Face à la détermination des travailleurs de maintenir à l'arrêt, pour une durée indéterminée, toutes les installations de production et de commercialisation en Algérie, Lakshmi Mittal, le big boss du groupe Arcelor Mittal Steel, a décidé de prendre langue avec les syndicalistes.
Il a dépêché à Annaba Willy Smith, son directeur des ressources humaines pour la zone Afrique. Dès son arrivée aujourd'hui dans l'après-midi à Annaba via la Tunisie, Willy Smith devrait entamer des négociations avec le partenaire social sur l'épineuse question des départs volontaires. Rappelons que les syndicalistes sont restés intransigeants en matière de départ à la retraite et tout départ imposé sous une forme ou une autre aux travailleurs. Ils ont parallèlement dénoncé l'utilisation de sociétés privées dans des activités directement liées à la production sidérurgique et la maintenance des installations. L'annonce prévue dans les prochaines heures de l'annulation de la décision prise unilatéralement de mettre à la porte 1200 travailleurs pourrait mettre un terme au débrayage entamé depuis hier par les 8000 travailleurs d'Arcelor Mittal Steel Algérie.

A. D.
Source : El Watan

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