Menace sur le parc d’El-Kala
Dimanche, 02 mars 2008

«Malgré la promesse du ministre des Travaux publics, faite au mois de juillet 2007, des gros engins ont franchi les limites du Parc national d’El-Kala (Pnek).
Les travaux de défrichement et de terrassement de l’assiette de l’autoroute sont achevées.» C’est ce qui a annoncé, hier en fin de journée, Rafik Baba-Ahmed, chercheur à l’Inrf et ancien directeur du Parc national d’El- Kala, et ce, durant une conférence de presse, tendant à «sensibiliser l’opinion publique sur l’impact négatif que peut engendrer la réalisation de l’autoroute Est-Ouest sur la biodiversité de la réserve». Pourtant, affirme le même intervenant, un décret présidentiel interdit formellement le passage d’une route importante sur cet espace. «Donc, cet acte est contraire à la loi», conclut-il. De son côté, Nassira Benmouhoub, enseignante chargée de cours de droit de l’environnement à l’université de Tizi Ouzou, a déclaré que le Pnek est aussi protégé par plusieurs traités internationales, à l’image de la convention de Ramsar où les réserves de la biosphère (programme MAB de l’Unesco). Lorsqu’une zone humide remplit un certain nombre de critères, elle peut figurer sur la liste de cette convention mais, en contrepartie, l’Etat, qui l’inscrit, s’engage à y mener des politiques en faveur de la conservation de ces milieux. Dans le même registre, l’intervenante a précisé que «ce ne sont pas les effets négatifs du passage de l’autoroute qui sont le plus à craindre. En traversant le parc, cette dernière porte un coup fatal à la réserve. Ceci, en annulant les lois qui le protége», et d’ajouter : «Ce décret présidentiel ne pourra plus être mis en avant pour sauvegarder le parc.» Pour sa part, Meriem Louanchi, maître de conférence à l’Institut national agronomique, a mis en exergue le schéma directeur d’aménagement qui est considéré comme le mode d’emploi que doit suivre le gestionnaire du parc. Ce dernier a été approuvé par les autorités centrales et ensuite par l’APW d’El-Tarf en avril 1986.
Continuant son plaidoyer sur la protection du merveilleux parc d’El-Kala, la conférencière a précisé que ce schéma a été élaboré selon une étude qui a pris en considération la nature du terrain et la distribution des milieux qui sont évalués selon les classifications des différentes espèces qu’on y sont implantées. A cette effet, cinq classes ont été élaborées.
La classe I dite de réserve intégrale où toute intervention est interdite, la classe II dite primitive ou sauvage où est interdite toute construction de route, d’ouvrages qui modifient l’ambiance naturelle, la classe III dite de faible croissance où des transformations peuvent être réglementées, la classe IV dite «tampon» qui sépare les trois premières de la dernière et la classe V appelée la périphérie où sont autorisées toutes formes de construction avec la précision que c’est la seule qui peut être traversée par des routes importantes. Questionné sur les actions que son association envisage d’entreprendre en cas où les autorités concernées ne dévient pas le passage de l’autoroute, M. Baba-Ahmed dira que toutes les mesures ont été prises pour saisir les organismes internationaux. «Nous devons attendre pour mettre en pratique cette option», a-t-il dit. il faut noter que la réalisation de ce tronçon annonce un génocide écologique de 1 264 espèces végétales et 878 espèces animales dont, certaines, uniques en Méditerranée. Certes la nature a horreur du vide, mais elle a encore plus horreur de la bêtise humaine.

Source : La Nouvelle République

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