Fesdis - Privatisation, dites-vous ?
Lundi, 19 février 2007

Un attroupement devant la direction générale de l’Entreprise des produits rouges de Batna — mise en veilleuses depuis la fermeture et vente des briqueteries — attire forcément l’attention. 96 ex-salariés de la défunte briqueterie de Fesdis demandaient une entrevue au PDG-EPE-EPRE au sujet de leurs droits non perçus depuis près de trois ans ; la cession effective de la société s’est effectuée en juin 2004.
Cette briqueterie, réalisée en 1977, avec une capacité de production de 120 000 tonnes, était un modèle en matière de gestion, de production en qualité et quantité, employant 212 travailleurs dont quinze cadres. Un certain 28 octobre, la nouvelle de la cession de la briqueterie de Fesdis à un privé tombe comme un couperet, alors la résistance s’organise. Grève, occupation de l’usine et surtout de l’intérêt pour la reprise de leur entreprise, puisque la loi 01/04 du 20/08/2001 le permet, redonnent de l’espoir à ces travailleurs. 45 jours plus tard, tout semble rentrer dans l’ordre, le travail reprend et la production aussi jusqu’à l’évacuation de l’usine le 30 juin 2004. Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Parmi les 96 protestataires, 6 cadres mis à l’écart ne comprennent pas aujourd’hui la façon dont les choses se sont déroulées contrairement aux lois de la République et en pleines contradictions avec le contrat de cession de la société briqueterie de Fesdis. Selon nos interlocuteurs, il n’y a pas eu sauvegarde et encore moins promotion de l’emploi. Quant à parler de réhabilitation et de modernisation de la briqueterie, c’est trop demander à son acquéreur, soutiennent-ils. Voulant savoir ce qui s’est réellement passé, la réponse est catégorique : “Nous avons été poussés vers la sortie. 90 départs volontaires, 20 en retraite anticipée, 6 cadres marginalisés, soit plus de la moitié des effectifs (212 travailleurs à la date de la cession de la briqueterie), renvoyés de manière déguisée”, soutient un homme de quarante ans. Rares, nous dit un vieux, sont ceux parmi les anciens qui travaillent, mis à part quelqu’un avec une paie au rabais. L’important, soutient le groupe, ce son nos droits, 74 contractuels n’ont pas perçu leur solde de tout compte, sans compter les journées travaillées non payées, le congé annuel, les allocations familiales… et les revenus des 10%, capital de l’usine des travailleurs. Ces ex-travailleurs de la société briqueterie de Fesdis qui n’ignorent pas les clauses du contrat de cession de l’unité savent que le paiement à tempérament n’est consenti que sous réserve du respect des conditions d’engagement souscris à l’acquéreur. Ils n’y a pas eu de maintien de l’emploi alors qu’il est censé maintenir le personnel existant à la date de la signature du contrat et pendant quatre ans, le maintien de l’activité et aussi un investissement d’au moins douze milliards de centimes en deux ans, ce qui n’est absolument pas le cas, disent nos interlocuteurs. Dans ces conditions, l’acquéreur a-t-il payé cash le reste du prix de cession en application du contrat de cession ? Si l’on croit les ex-travailleurs de la société briqueterie de Fesdis, cette privatisation est une arnaque où les travailleurs et l’Etat sont les grands perdants et ceux qui étaient censés garantir la bonne application des clauses du contrat de cession ont failli à leur mission. Il s’agit là d’une affaire où il y a certainement à boire et à manger sauf pour les travailleurs jetés à la rue.

Houadef Mohamed
Source : Le Soir d'Algérie

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