Guelma - Les contrats de pré-emploi : du bricolage
Jeudi, 05 avril 2007

Face à la situation socioéconomique dramatique qui a engendré un irrémédiable déséquilibre sur le marché du travail, traduit par un taux de chômage qui ne cesse de ravager notre société, des milliers de jeunes s’orientent de plus en plus vers les formules d’emplois provisoires initiées pour atténuer un tant soit peu les effets de ce dangereux phénomène.
Une solution qui relève beaucoup plus du bricolage conjoncturel que d’une véritable politique visant la création et la garantie des emplois. Diplômés de l’université ou de la formation professionnelle, ils sont recrutés par la wilaya dans un cadre provisoire pour une durée de dix-huit mois et affectés dans les multiples institutions publiques pour s’occuper généralement des tâches secondaires. Une fois dans l’administration et contrairement à ce qui est prévu initialement, ils assurent des charges horaires égales à celles de titulaires pour des salaires ne dépassant pas les 6 000 DA, et perçus généralement avec plusieurs mois de retard. Hantés par le statut de chômeur et l’idée de se lever le matin sans aucune destination où désespérés par une longue quête de travail, ils préfèrent s’occuper histoire de se caser pour une période, ce qui permet de fuir l’oisiveté et le regard des autres. Mais devant la précarité des conditions de travail et la forme d’exploitation que revêtent ces postes, la déception ne tarde généralement pas à se manifester. Sans statut, ni garantie de la stabilité de ces emplois, ces nombreux jeunes universitaires ne savent plus quoi faire... Abandonner pour reprendre le statut de chômeur ou se sacrifier dans l’espoir d’être régularisé à la fin du contrat de pré-emploi comme promis souvent par l’administration. Le choix n’est pas toujours facile à faire devant l’ampleur du chômage qui écarte, chez la majorité, l’espoir de trouver un poste stable. Parmi ces jeunes diplômés Linda, recrutée par la DEJ dans le cadre de cette formule (pré-emploi) ou emploi de jeunes, est la parfaite illustration de cette frange déçue et désappointée et ce minimum qui n’offre déjà aucune stabilité sociale ou morale. Affectée dans un centre de formation professionnelle pour assurer des modules secondaires, elle se retrouve face à une situation inattendue. En plus des déplacements quotidiens qui lui reviennent à 200 DA/jour, donc qu’elle ne peut couvrir avec son salaire humiliant, faut-il le dire, la jeune Linda est contrainte d’assurer seule le poste d’enseignante avec une charge horaire égale à celle d’un PEP. Devant le manque d’enseignants notamment dans ce centre où elle assure ses cours, la jeune enseignante qui habite Guelma-ville se demande pourquoi ne pas lui octroyer un poste budgétaire, d’autant que son contrat prendra fin dans quelques semaines et que la section n’a pas encore d’enseignant ? Combien existe-t-il de postes vacants alors que leurs occupants souffrent de ce statut qui privilégie l’exploitation.

B. A.
Source : Le Soir d'Algérie

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