Guelma : Le complexe Cycma agonise
Jeudi , 28 décembre 2006

L’ex-complexe Sonacom de Guelma Cycma (cycles, motocycles et applications) agonise.
Il croule sous le poids des dettes et d'une production non adaptée à la demande en matière de gamme, de qualité et de prix. Les différentes restructurations entamées depuis 1988 n'ont pas donné grand-chose. “C'est comme s'il s'agit d'un malade à qui on administre une médication sans relation avec la pathologie qui le ronge. De 1600 employés en 1988, son effectif est passé à 350 sans que cette coupe dans la masse salariale ne règle ses déficits structurels. Détenteur d'une licence de l’allemand SACHS, le complexe s'étale sur une superficie de 14 hectares dont 4 bâtis.
L’usine du complexe est dotée de 480 machines. Des unités commerciales sont implantées à Constantine, Alger, Oran et Ouargla. La gamme de production est variée. On y trouve le cycle simple, le cycle moteur, le cycle avec amortisseur, le VTT, le fauteuil roulant et la voiturette pour handicapés ainsi que les pièces de rechange. Listée parmi les entreprises privatisables avec une ardoise de 188 milliards de centimes, elle peine à trouver des acquéreurs. Ses relations avec son micro-environnement économique sont dans un piètre état à cause des engagements non honorés vis-à-vis de la banque, de la Sonelgaz, de la Cnas et du fisc. Récemment, du matériel roulant a été saisi.
Le déficit est structurel au point où le chiffre d’affaires annuel de
14 milliards de centimes est inférieur au seul agio qui s’élève à 16 milliards de centimes. En plus du fait que l'entreprise ne paie pas ses dettes envers ses fournisseurs, les institutions bancaires, fiscales et parafiscales, c'est l'État qui prend en charge les salaires. Autrement dit, le reste des contribuables. Samedi dernier, les travailleurs ont touché leur pécule pour le mois de novembre 2006 par le truchement du Trésor public. Le maintien de Cycma en vie sous perfusion est un défi aux lois de l'économie et au bon sens. Pour M. Rachid Benslim, P-DG de l’entreprise, “notre produit est obsolète. Pour se mettre à niveau, il faut des investissements, ce que nous ne pouvons pas faire et les gens se tournent vers les produits d’importation”. Loin d'être pessimiste, il continue, “malgré cela, le cyclomoteur se vent encore, surtout pour les achats groupés au profit des entreprises étatiques.
L’office des handicapés, ONAPH, demeure un partenaire incontournable de Cycma, 1 000 voiturettes pour handicapés sont écoulées. L’entreprise compte également parmi ses clients les ministères de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication, et de la Solidarité nationale ainsi que l’Algérienne des eaux”.
S’agissant de partenariat, le premier responsable de Cycma précise que “toutes les entreprises contactées en Europe et en Asie, une quarantaine au totale, exigent avant toute forme de partenariat l’achat de leurs produits pour tester le marché algérien, mais la banque refuse de nous accompagner”.Puis, il rectifie sans convaincre : “Nous avons, en tant qu’entreprise étatique, peur que ces entreprises nous utilisent pour pénétrer le marché algérien et nous remplacer après par un privé.”
La direction de Cycma semble préférer un partenariat industriel pour maintenir l’activité au niveau de Guelma. Aussi pour sauvegarder l’entreprise, elle demande aux pouvoirs publics “le gel de la dette et la dotation en un fonds de roulement en attendant de trouver un éventuel partenaire avec un savoir-faire utile à l’entreprise”.
Pour un économiste de l'université de Constantine, “la création d'un emploi coûte à l'État au plus 500 000 DA. Dans le cas de Cycma, le problème est technologique et culturel à la fois, ce qu'il faut c'est aider les employés à s'installer pour leur propre compte, car il est criminel que la collectivité paie toutes ces frais pour rien”.
En effet, la banqueroute de Cycma, découle de la faillite d'un système économique rentier.

B. Nacer.
Source : Liberté

Commentaire :

Développer des infrastructures industrielles et économiques n'est plus la vocation de l'Etat algérien encore moins le privé qui court derrière le gain facile (importation du sucre, café, banane...). Toutes les conditions sont favorables pour qu'une telle usine réussisse (savoir-faire, main d'oeuvre pas chère et qualifiée, demande, nationale et internationale, sur les deux roues très fortes. Chercher la(es) fausse(s) note(s).

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