Introduction de Thamazighth dans le système éducatif : Le HCA dénonce la bureaucratie du ministère de l’Education
Samedi , 11 novembre 2006

C’est peut-être le seul et unique bilan, informel bien évidement, qui vient d’être fait sur l’état de l’enseignement de la langue amazighe dans l’école algérienne. Loin des ambitions affichées par le ministère de l’Education nationale, l’enseignement de cette langue est encore au stade de piétinement. Pis encore, après onze années depuis l’introduction de tamazight à l’école, le gouvernement parle encore de période d’expérimentation.
Devant ce constat d’échec et de recul, le Haut commissariat de l’amazighité, instance chargée par la présidence de la République de promouvoir la culture et la langue amazighes, a tiré la sonnette d’alarme et interpelle le ministère de l’Education nationale de revoir sa politique de gestion de ce dossier. Un dossier qui, dira le secrétaire général du HCA, M. Youcef Merrahi, «que le pouvoir fait sortir à chaque fois que la conjoncture politique l’exige». Invité du Forum hebdomadaire de la radio Chaîne II, M. Merrahi a émis une sévère critique sur l’enseignement de tamazight. Le HCA saisit le ministère de l’Education nationale pour faire toute la lumière sur les véritables raisons de ce recul sur les décisions prises depuis 1995. Il serait inadmissible et incompréhensible aujourd’hui d’évaluer l’introduction de tamazight dans les établissements comme une simple expérience, jugée d’ailleurs comme un échec par la tutelle. Instaurée uniquement dans 16 wilayas, la langue amazighe n’est finalement qu’une option dans l’enseignement dont les parents se réservent le droit d’approuver ou de refuser à leurs enfants. «Depuis quand, demandons- nous l’avis des parents et des élèves sur les programmes d’enseignements dispensés dans nos écoles», s’interroge l’invité de la radio qui insiste par ailleurs, sur la nécessité de rendre obligatoire l’enseignement de tamazight et déplore la «vision bureaucratique du MEN sur l’enseignement de cette langue». Le HCA ne va pas sans constater l’absence de volonté de la part du gouvernement pour promouvoir cette langue. M. Merrahi a dénoncé avec amertume les propos tenus par le ministre Benbouzid concernant l’enseignement de tamazight disant qu’«il n’ y a pas une demande sociale dans ce sens». Heurté par ces déclarations, M. Merrahi invite les responsables de l’éducation à revoir la conjoncture qui a donné naissance à l’introduction de tamazight dans l’enseignement, à savoir la grève des cartables de 1995 enregistrée en Kabylie. Compte tenu des moyens financiers dont dispose le ministère de l’Education nationale, le HCA s’interroge sur le fait que ce département n’a pu former aucun enseignant en langue amazighe. Pourtant, plusieurs promotions de licenciés en tamazight sont sorties des universités algériennes, sans qu’elles puissent être insérées dans les programmes de formation de formateurs, pour être admises dans l’enseignement. L’orateur précise également que 90% des bénéficiaires de l’enseignement de tamazight se concentrent au niveau des trois wilayas de Tizi- Ouzou, Béjaïa et Bouira, délaissant ainsi les 13 autres wilayas concernées par ce programme. Autre problème, voir prétexte invoqué par le MEN pour justifier sa fuite en avant concernant cette question sensible, celui de la transcription de tamazight. M. Merrahi se dit surpris de voir ressurgir cette question à chaque rentrée scolaire, alors qu’elle a été tranchée et le choix des pédagogues et universitaires a été arrêté sur la transcription en lettres latines, du fait que tous les ouvrages et les recherches réalisés jusqu'à présent autour de cette langue sont en lettres latines. «Si d’autres écritures ont été utilisées dans l’édition des ouvrages en tamazight, cela relève de la seule responsabilité du ministère de l’Education. C’est lui qui est chargé de suivre les recommandations qui ont été adoptées dans ce sens. Pour résumer la situation, M. Merrahi a réitéré la disposition du HCA à reprendre les discussions avec le MEN afin de faire un bilan décortiqué sur l’enseignement de la langue amazighe et trouver une issue à cet état de léthargie et de stagnation qu’enregistre l’introduction de cette langue nationale dans le système éducatif.

Rosa Mansouri
Source
:
Le Soir d'Algérie

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