Khenchela s’inquiète pour son patrimoine délaissé et pillé
Mercredi, 09 Mai 2007

Responsables de la culture et associations de la wilaya de Khenchela s’accordent à dire que l’inventaire des nombreux sites archéologiques que recèle cette région de l’est du pays est une nécessité incontournable avant toute action de valorisation et de protection de ce patrimoine contre les pillages qu’il subit. La wilaya de Khenchela, diront-ils, regorge de sites archéologiques des différentes phases historiques, dont certains remontent même à l’ère préhistorique, tels les dolmens et sépultures mises au jour dans une grotte de Ras Metoussa. Des Phéniciens -qui ont fondé des comptoirs commerciaux- jusqu’aux Français, en passant par les Carthaginois, les Vandales, les Byzantins, les Romains -qui ont construit dès l’an 123 Lambeïsis, (actuelle ville de Tazoult dans la wilaya de Batna), et occupé Mascula (Khenchela) et construit les voies reliant Batna à Biskra et au Sahara, Mascula à Lambeïsis et à Théveste au sud-, et les musulmans, Khenchela a gardé des traces et vestiges de tous les passages de ces civilisations.
Parmi les sites les plus valeureux, on peut citer le mausolée de Cédias, dédié à un chef militaire romain, qui se dresse à ce jour dans la localité de Ouled Azzedine, dans la commune de El Mehmel. Selon Stéphane Gsell, auteur de l’Atlas archéologique de l’Algérie, ce mausolée, de forme hexagonale, serait unique dans toute l’Afrique du Nord. Un autre site attend d’être pris en charge : la prestigieuse citadelle de la reine numide Kahina, à Baghaï.
Durant la conquête islamique, cette reine berbère qui a conduit la résistance des habitants de Mascula contre les armées musulmanes, a installé ses quartiers généraux dans la région de Baghaï, avant d’étendre son contrôle à tout le Maghreb sur lequel elle a régné pendant cinq ans jusqu’à sa défaite à Bir El Ateur face à l’armée de Hassane Ben Nouamane.
La Citadelle, aujourd’hui enfouie sous les décombres, attend toujours les fouilles qui permettront de percer ses secrets, affirment des cadres locaux de la direction de la culture de la wilaya de Khenchela. Et ce ne sont là que deux exemples cités pour donner un petit aperçu des richesses archéologiques que le sol de cette région a su protéger des effets du temps et de la nature, mais pas des mains des pilleurs. Il est aujourd’hui plus qu’urgent de se pencher sur ce patrimoine et de le protéger contre toutes les attaques en attendant de se donner le temps de mieux le connaître, l’étudier et l’exploiter.
Les responsables de la direction de la culture militent d’ailleurs pour l’organisation de séminaires spécialisés qui, en plus de faire connaître tous les vestiges de la wilaya, montreraient et démontreraient leur importance historique, culturelle, et économique. Il faut attendre maintenant la réponse des instances et institutions concernées, qui a déjà trop tardé…

Reda Cadi
Source : La Tribune

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