M’daourouch : Troisième ville de la wilaya de Souk Ahras
Des mechtas sans eau et sans électricité

Lundi, 09 octobre 2006

Distante du chef-lieu de la wilaya de Souk Ahras de 40 km, la commune de M’daourouch cache mal les contraintes subies par ses 14 mechtas malgré son équilibre financier et l’opulence affichée par quelques propriétaires terriens et une minorité de commerçants.
Troisième agglomération urbaine après celles de Souk Ahras et Sedrata, cette commune à vocation essentiellement agropastorale connaît depuis des décennies une extension effrénée à l’origine d’une foultitude de problèmes et d’une prise en charge de la partie rurale on ne peut plus improbable. C’est surtout le manque d’avaloirs, d’éclairage public, l’absence des trottoirs et du bitume qui sont déplorés par les habitants des cités Abbas Laghrour, Abane Ramdane, Djebar Amor et Menzer Ali. Points noirs de ces cités dortoirs reconnus par le P/APC, qui a annoncé la réservation d’une enveloppe de 150 millions de dinars pour l’aménagement urbain, et ce, dans le cadre du programme présidentiel. Le manque de moyens de transport est l’autre pierre d’achoppement de cette commune où les taxis desservant la ligne M’daourouch - Souk Ahras se comptent sur les doigts d’une seule main. Y marquer une halte sans véhicule au-delà de 16 h relève de l’aventure. Le semblant de gare routière est souvent déserté par les transporteurs, alors que des prix prohibitifs sont négociés au vu et au su de tous entre clandestins et « retardataires ». Secouée, il y a quelques mois par une crise au sein de l’exécutif, la commune a connu un léger retard dans le lancement et la réalisation de quelques projets d’utilité publique à cause du blocage qui avait duré deux mois, et le dénouement n’a eu lieu qu’en juillet, et ce, grâce à l’implication positive de l’administration. Les membres élus de l’APC rencontrés au niveau du siège de la commune ont déclaré à l’unanimité à s’engager à rattraper le retard et ne point lésiner sur les moyens pour inscrire M’daourouch, déjà bien lotie en matière de gestion financière, sur la liste des communes pilotes. Le désenclavement des hameaux isolés et leur prise en charge sont l’étape qui suivra immédiatement la relance des projets d’embellissement et d’aménagement du chef-lieu de la commune, l’AEP et le logement, différentes formules , sont inclus. M’daourouch ne doit pas cacher ses mechtas, notamment Guedrene qui est un hameau situé à quelques encablures du chef-lieu de la commune. Ses 300 habitants vivent dans un isolement total à cause de l’unique piste délabrée qui y mène. L’accès y est quasiment impossible en période d’hiver pendant laquelle les eaux pluviales charrient les boues et transforment ce sentier sinueux en patinoire. Dépourvu de moyens de transport et déserté même par les clandestins, ce bourg décourage le plus aguerri des visiteurs à y revenir. Ses habitants parcourent quotidiennement six kilomètres pour atteindre M’daourouch et plusieurs écoliers ont déjà renoncé aux études.

Mechta Guedrene, où tout manque

Dans cette mechta, si les eaux pluviales sont abondantes, l’eau potable manque et les fontaines sont arides depuis belle lurette. Le gaz butane est introuvable en hiver et le point de vente le plus proche est distant de plusieurs kilomètres. Ses habitants se plaignent également d’un chômage latent qui affecte la majorité des autres hameaux de M’daourouch. Subsistant grâce au petit élevage et à la culture de quelques lopins d’une terre aride, l’on parle déjà à Guedrene d’exode massif vers une autre agglomération. Un habitant de M’daourouch nous a confié ceci : « C’est le bourg le plus pauvre de la région et c’est là où tout manque. Malgré une disette chronique, les citoyens qui y vivent refusent de tendre la main. » On peut dire autant de Ouled El Hadj, un autre hameau situé non loin de Guedrene, qui est encore à l’ère des bougies et du feu de bois. Sans électricité et sans route, cette agglomération, où aucun signe de progrès n’est perceptible, donne l’impression qu’il s’agit du décor d’un film retraçant une page lointaine de notre histoire. Sans eau, sans transport et sans ressources, d’autres hameaux à l’instar d’Essetha sont inscrits sur la longue des régions enclavées de l’Algérie profonde. Le programme des Hauts-Plateaux conçu pour mieux gérer des zones à spécificités a justement réservé pour la commune de M’daourouch une enveloppe financière conséquente estimée à 2 451 450 DA répartis à travers les secteurs, selon les priorités. A l’instar de plusieurs autres communes du pays, M’daourouch a connu l’été passé une situation de blocage au sein de l’exécutif, surmontée grâce à un débat serein autour de la gestion des affaires de la cité amorcé le mois de juillet. L’esprit altruiste a encore une fois prévalu et le P/APC annonce une ère de nouvelles réalisations au profit des 40 000 âmes que compte la commune. Des projets d’envergure, annoncés dans le cadre du programme des Hauts-Plateaux, toucheront tous les secteurs. Une enveloppe de 71 000 DA sera ainsi réservée au renforcement des ressources hydriques, notamment la réalisation d’un réservoir d’une capacité de 2000 m3 et le renforcement de l’AEP dans la mechta Essetha. La réfection de la RN81 sur l’axe M’daourouch-Ragouba, la réalisation d’un échangeur et de deux ponts, l’extension des établissements scolaires et leur équipement sont autant d’objectifs inscrits sur la liste des projets de l’année en cours. S’agissant du secteur de la santé, la commune sera dotée d’un service des urgences et d’un hôpital de 120 lits. Ceux de l’habitat et de la jeunesse et des sports connaîtront respectivement la réalisation de 200 logements ruraux et l’étude de plusieurs autres projets, notamment la réalisation d’une piscine de 25 m, d’un terrain de proximité et d’une salle omnisports.

De l’argent, il y en a…

Le P/APC de M’daourouch, Lembarek Smaâli, a commenté les perspectives de la commune ainsi : « L’essor de la commune doit inéluctablement obéir au classement et à l’étude de ses priorités, le logement et l’emploi en font partie. Le premier volet a déjà connu des résultats probants depuis des années, notamment avec la réalisation de 300 unités dans le cadre du LSP et 300 autres dans le cadre du logement social. Il y a un autre projet de 700 logements ruraux, qui, lancé depuis peu, contribuera de manière efficace à l’éradication de l’habitat précaire et permettra à la commune de réaliser un bond dans la gestion du volet social jamais atteint auparavant. » Dans le cadre de la lutte contre le chômage, Lembarek Smaâli ne cache pas ses ambitions de maire pour nous confier : « La création des postes d’emploi, une opération délicate, ne nous a pas découragés pour user de toutes nos prérogatives pour encourager l’investissement et par ricochet le recrutement du personnel. Pour ce qui est des formules filet social, emploi de jeunes et préemploi, nous disposons pour l’heure actuelle respectivement de 140, 60 et 30 postes que nous estimons en deçà des besoins d’une commune de 40 000 habitants. » Et d’ajouter : « L’école de la gendarmerie, prévue pour l’année en cours, encouragera en sus des 500 travailleurs qu’elle va employer, le commerce, le transport, l’hôtellerie et plusieurs autres secteurs. L’hôpital, la minoterie, l’entreprise privée des lampes et la bibliothèque municipale sont autant de réalisations pourvoyeuses de postes d’emploi. » S’agissant du raccordement au gaz, le premier responsable de l’exécutif communal a affirmé une couverture à 100% des foyers recensés au niveau du chef-lieu, alors que l’AEP et l’électrification rurale toucheront les mechtas Guedrene, Aïn Ahjer, Ouled El Hadj et Essetha. Les responsables, aussi bien locaux que ceux centraux, ne doivent sûrement pas oublier que M’daourouch n’est en sorte que l’avatar de l’antique Madaure où vit le jour le premier romancier du monde, un certain Apulée… de Madaure, qui se disait Berbère jusqu’au bout des ongles et qui l’affirmait à qui voulait l’entendre ou pas. Alors, à quand « la métamorphose »… « ou l’âne d’or » ?!

A. Djafri
Source : El Watan

Commentaire :

Ô Madaure, Apulée réveille-toi, ils sont devenus fous.

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