Oum El Bouaghi - Assassinat du juge : La piste de la mafia locale privilégiée
Lundi, 11 décembre 2006

Les investigations préliminaires ont permis d’écarter à coup sûr la thèse d’un attentat terroriste.
L’assassinat du jeune magistrat, le nommé Boutarfa Nabil, 35 ans, dans des conditions mystérieuses à Chorfa, dans la wilaya de Annaba, le week-end passé, continue à alimenter la chronique locale, à telle enseigne que cette affaire est un sujet de discussions dans les cafés de la ville de Annaba. Les avis d’un observateur à un autre sur les raisons de son assassinat diffèrent. Les uns parlent de règlement de compte, d’autres, en revanche, soutiennent que la victime qui a été éliminée, serait en possession de dossiers sensibles liés à la mafia de la contrebande et du marché de l’informel. Cependant, l’unique avis partagé par tous : l’acte terroriste est totalement écarté. On parle plus de grand banditisme. Seule l’issue de l’enquête va déterminer les tenants et aboutissants de cette affaire qui a jeté l’émoi et la consternation au sein de la population de Annaba.
Selon des sources généralement bien informées, les enquêteurs seraient sur une sérieuse piste. La brigade de la gendarmerie d'El-Bouni, qui a pris en charge ce dossier, s'attelle depuis la découverte du corps à enquêter sur toutes les pistes possibles. D'ailleurs, et selon quelques indiscrétions, que nous avons pu avoir, les assassins ne sont pas de Annaba, mais d'une wilaya limitrophe. À propos de la victime, ceux qui la connaissent n'en reviennent pas de sa fin tragique. Fils d’un avocat connu à Annaba, le défunt, qui est né et grandi à la rue Baillard de la cité Auzas (Annaba), occupait depuis trois ans le poste de juge au tribunal correctionnel de Oum El-Bouaghi.
Il a été retrouvé assassiné par sa propre arme de service, avec les mains ligotées aux environs de la commune de Chorfa, 30 kilomètres au sud de Annaba. Ses bourreaux ont signé leur acte criminel comme s’ils voulaient adresser un message sur lequel beaucoup spéculent. Depuis jeudi dernier, les rumeurs et spéculations vont bon train à Annaba. Certains avancent que les criminels ont arraché les yeux et les doigts à leur victime, ce que les éléments de l'enquête n'ont jamais mentionné. Pour les enfants du quartier, encore sous le choc, le jeune Boutarfa était aimé de tous surtout pour sa gentillesse et sa modestie. “Il ne méritait pas ce sort. C’est une personne très éduquée et qui a souffert durant huit années de chômage pour trouver un poste de travail. Nous espérons que les criminels seront identifiés et châtiés”, ont tenu à témoigner certains habitants de son quartier. Pour les services de sécurité, les enquêteurs de la brigade de la Gendarmerie nationale d’El-Bouni, en charge du dossier, sont sur le qui-vive et à la moindre information susceptible d’éclairer leur lanterne, ils agiront en conséquence. Vont-ils concentrer leurs investigations dans les villes d’Oum El-Bouaghi et Aïn M’lila, véritable carrefour de tous genres de trafic, à l’instar d’autres contrées du pays ? Cette hypothèse est partagée par un certain nombre d’observateurs à Annaba. Ses bourreaux l’ont-ils suivi jusqu'à sa ville natale pour l’abattre.

B. BADIS
Source : Liberté

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