Oum El Bouaghi - Les pauvres enfants sont appelés "les ramasseurs de pain"
Dimanche, 22 juillet 2007

Ils sont très jeunes, chétifs, le visage éternellement hâve et le corps légèrement penché soit à droite soit à gauche à cause du lourd sac qu'ils portent. Une véritable position antalgique. On les appelle chez nous "les ramasseurs de pain". Ces jeunes enfants ne dépassant les treize printemps, font du porte à porte, du matin au soir, et à longueur d'année, à la recherche d'un morceau du pain dur ou moisi, qu'importe il sera vendu aux éleveurs de bétail par l'intermédiaire d'un marchand "spécialisé" dans ce nouveau créneau lucratif. Ils étaient exclus prématurément de l'école, d'autres sacrifiés par le père, dont la bourse est très basse pour permettre aux deux frères aînés de terminer leurs études. Une troisième catégorie, que nous avons rencontrée à Ain Beida n'a jamais mis les pieds dans un établissement scolaire. Dès le jeune âge, ces petits innocents livrés à eux mêmes, sont tout simplement jetés dans la rue, pour aider le papa. "Si Je ramasse du pain et je sillonne toute la ville, c'est pour nourrir ma famille, car mon père est malade et ma mère est au foyer", se confia à nous un enfant à peine âgé de dix ans. A travers toute la wilaya, ces enfants portent le même sac de semoule pour transporter ces quantités de mies ou de croûtes ramassées ça et là. Ces quelques kilos seront vendus à un marchand informel du coin possédant de bons rapports avec les agriculteurs de la région. Et que font la CDP, les impôts et les organisations qui protègent ces malingres de l'exploitation, qui freine leur croissance et leur développement, des ruses et astuces d'un nouveau genre commercial, en créant une nouvelle ère pour un nouveau esclavagisme où cette progéniture n'a pas eu le temps de goutter à l'écume de l'enfance, aux jeux, à la distraction, au sommeil et à l'affection des parents ... c'est injuste !! "Dis-moi monsieur le correspondant, ce que vous allez écrire va être lu par les responsables", nous lança jeune rouquin de 14 ans, avec ironie. Parmi ces garçons, il y a ceux qui ont fabriqué un chariot pour le transport de cette charge pesante, quant aux autres, moins audacieux ils préfèrent charrier les gros sacs jusqu'au point de vente pour une mièvre somme ou quelques dinars permettant d'acheter deux sacs de lait et trois baguettes de pain. Mon interlocuteur ajoute :" ma mère sera fière de moi lorsque je lui achèterais un melon par contre mon père se contenterait d'un paquet de cigarette. Devant cette situation triste, beaucoup d'enfants, filles et garçons, ressemblent aujourd'hui à "Omar" le jeune personnage de Med Dib dans ("l'incendie") ou à Gavroche de Victor Hugo dans l'œuvre immortelle ("Les Misérables"), car tous vivant la même misère et le même souci de venir en aide à sa famille. L'esprit d'une responsabilité précoce imposée par une situation âpre, chômage, maladie, dette ou aussi famille nombreuse. Le wali de la wilaya d'Oum El Bouaghi est exhorté par cette frange marginalisée devant le silence des uns et le mutisme des autres(organismes, services ayant un pouvoir de décision) pour leur venir en aide, mais surtout de sanctionner ces marchands malicieux qui ont ôté à ces jeunes le plaisir de la vie ou tout court le plaisir de vivre, d'étudier, de s'amuser, et pourquoi pas de voyager. Leurs rêves demeureront inassouvis, le droit de vivre comme des enfants, comme des êtres humains.

Soheib Chaffai
Source : Le journal de Betchine

Commentaire :
Oui monsieur le journalo qui fait passer son sieur le wali pour un ange. Pour le journalou le wali n'y est pour rien. Merci pour "echitta" (la brosse).

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