Batna : La culture de l'abricot "otage" d'un marché chaotique
Lunidi, 26 juin 2006

La culture de l'abricot qui occupe à Batna près de la moitié des terres de la filière arboriculture fruitière (9.618 ha), "otage" d'un marché désorganisé, est maintenue dans une précarité menaçant son devenir, selon les producteurs de cette région. A 5 DA le kg, le prix imposé actuellement par les intermédiaires et "gros acheteurs" en plein milieu de campagne contre 12 DA à son début, n'assure pas une rémunération correcte des récoltes, affirment les producteurs de la Mechta de Bou Khoukhou, commune de Ras Layoune. S'investissant toute l'année dans leurs 200 ha de jeunes vergers (20.000 abricotiers), les arboriculteurs de Bou Khoukhou "cèdent la mort dans l'âme" à 5 DA le kg leur fruit. "Ceux qui ont eu la chance de vendre plus tôt en ont eu le double de ce prix", affirme Laanani, un jeune arboriculteur, regardant sa récolte en train d'être chargée sur un camion d'un des intermédiaires. Et d'ajouter désillusionné "si je ne vends pas. C'est dans l'oued qu'elle finira". Les vergers de cette Mechta représentent le vingtième des 4.400 ha consacrés dans la wilaya de Batna à la culture des abricotiers qui, presque partout ailleurs, fait face à cette même contrainte. Pour les techniciens de la direction des services de l'agriculture, la prédominance de deux variétés (Luizet et Paviot) complique un peu plus cette situation en mettant sur le marché, en seulement quelques jours, de très grandes quantités de fruit 22.500 tonnes cette année. Des variétés multiples auraient eu des dates de maturité différentes et des récoltes étalées dans le temps même si l'abricot restera toujours un fruit très périssable, précisent-ils. Pour mieux valoriser cette production, la direction des services agricoles préconise notamment un encouragement à la multiplication des chambres froides et l'implantation de petites unités de micro-transformation. Les premières permettront une conservation plus longue du fruit et les secondes une absorption des quantités non négligeables d'abricot. "Totalement absentes dans la filière d'arboriculture fruitière, les banques et les assurances pourraient jouer un rôle de soutien à la création de pareilles activités de valorisation de cette culture", affirment les professionnels de l'agriculture. Entre 1997 et 2005, la surface des abricotiers dans la wilaya est passée de 3.256 à 4.446 ha, soit une progression de 1.190 ha à la faveur notamment des actions des programmes de concession agricole (509 ha), du fonds national de régulation et développement agricole (FNRDA) (592 ha) et du plan national de reboisement (270 ha), selon les statistiques des services de l'agriculture. Bel arbre au port élégant et premier à fleurir au printemps, l'abricotier peut résister jusqu'à moins 20°. Son fruit de couleur orange est très riche en minéraux et en vitamines. Connu des Auréssiens depuis plusieurs siècles, sa culture intensive n'a pourtant commencé qu'au milieu du XIXe siècle à N'gaous qui porte à ce jour le nom de "capitale de l'abricotier" et célèbre chaque année durant le mois de juin la fête de ce fruit.

Source : APS