Souk-Ahras - Un été bien pire que ses devanciers
Dimanche, 19 Aout 2007

Entre Souk-Ahras et l'été, il y a, assurément incompatibilité sur toute la ligne. Une longue histoire de désamour en fait qui se renouvelle à chaque avènement de la saison des grandes chaleurs et des grands sévices imposés à la population. A ce titre, il est pour le moins illustratif de sentir qu'aux yeux de nombre de Souk-Ahrassiens, l'été n'est pas du tout le bienvenu.

  La canicule n'est pas à ce propos le seul vecteur véhiculaire de cette désaffection patente. Il y a surtout l'absence insoutenable et toujours tout autant incompréhensible de structures d'agrément, de plaisir et pour tout dire d'évasion. Evasion de cet immense pénitencier qui n'offre dans le meilleur des cas que d'infimes espaces vitaux que beaucoup se hâtent de consacrer à la célébration des messes de l'enfermement sur soi, sur fond d'interrogation sur cette horrible absence de perspectives. La version 2007 est à bien d'égards, bien pire que toutes ses devancières. En ce sens qu'elle adjoint à la terne ambiance déjà difficilement vécue, un chapelet d'incommodités qui présentent la particularité d'être, non seulement contrariantes mais surtout anachroniques si compte est tenu de leur inopportunité. Comment oser imaginer, en effet qu'à l'heure où le virtuel s'impose à tous comme incontournable, l'on continue à Souk-Ahras et même ailleurs si l'on croit les échos déplaisants qui parviennent des contrées de cette si riche et en même temps si austère Algérie, à se disposer fatalement en rang d'oignons sous le soleil aoûtien au-devant des bureaux exigus de poste et banque en quête de liquidités qui filent à l'Arlésienne ou sur les esplanades menant au pompiste du coin qui exhibe fièrement et bêtement le levier de pompage pour dire que le carburant est introuvable au pays du carburant, ou encore à s'épuiser dans la quête d'un sac de semoule au prix exorbitant et à la disponibilité aléatoire, à concentrer ses minuscules forces sur le combat à mener de nuit contre les mouches, moustiques et guêpes qui sucent le sang des innocents et à leur tête les enfants dont le paternel exsangue par tant d'adversités jette l'éponge. De guerre lasse. Car on ne lutte pas impunément contre plus fort que soi, contre plus inique que soi. A Souk-Ahras, c'est hélas, cette configuration qui tient lieu de pain quotidien dans une ville défigurée où les travaux d'excavation ne finissent plus même après leur achèvement puisque les services chargés de rendre en l'état ce qui a été au préalable creusé, ne le font pas, se contentant dans le meilleur des cas, de ranger tous les amas de terre de façon biscornue jusqu'à en faire des talus très désagréables à voir qui ferait croire au visiteur que la cité est ébranlée dans ses fondements par un violent séisme. Les innombrables quantités de poussière que les braves citoyens avalent sans compter, les restrictions qu'imposent de facto les squatters de la voie publique à l'occupation de la chaussée la rendant lilliputienne au maximum, elle qui souffre déjà de tritures et de déformations, tous ces avatars achèvent les derniers résistants et confortent le reste dans la conviction qu'à Souk-Ahras le gros du contingent vit au rythme d'un été, franchement... pourri.

A. Gatouchi
Source : Le Quotidien d'Oran

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