Souk-Ahras - Urgences médicales : la cote d'alerte !
Mardi, 28 Aout 2007

Ce qui se passe à longueur de jour et de nuit au pavillon des urgences de l'hôpital régional de Souk-Ahras, et cela depuis bien longtemps, est tout simplement inadmissible !

Idéalement placé dans l'œil du cyclone des barbares de tous poils, du fait des prestations pourtant salvatrices qu'il dispense sans discontinuer et l'afflux massif des patients qui y est enregistré quotidiennement, le service des urgences vagit en silence. Pas un jour, pas une nuit, ne passent sans renvoyer l'écho nauséabond d'agressions en série perpétrées contre le personnel médical, para-médical et celui des agents de sécurité débordés jusqu'à l'impuissance. Les assaillants, des accrocs aux stupéfiants et des alcooliques en règle générale mais aussi d'autres catégories de la société, n'hésitent pas le moins du monde, à recourir à la force si leurs désiderata ne sont pas satisfaits. Et ce sont les médecins et les infirmiers qui essuient les plâtres parfois de manière très véhémente voire avilissante. La chronique journalière de ces voies de fait intolérables rend ainsi compte d'usage délibéré et outrancier d'armes blanches exhibées au nez et à la barbe de leurs serviteurs. Combien de médecins (des femmes en particulier) n'ont sauvé leur peau qu'au prix d'escapades, combien de techniciens de la santé n'ont pas eu cette veine, s'en sortant avec des dégâts physiques mais aussi psychologiques importants. Les dégradations de l'équipement médical, du mobilier et des vitres ne se comptent plus, se banalisant jusqu'à ne plus susciter de commentaires ni de protestations. Pour Mr Abdenouz-Abdelaziz, chef du service des urgences, «la situation est intenable et risque d'empirer si des mesures coercitives ne sont pas prises: nous endurons chaque jour des sévices cauchemardesques. Figurez-vous qu'on a à faire à toutes les composantes de la société. Et si certaines d'entre elles sont avenantes et respectueuses de ceux et celles qui sont à leur service, la majorité fait montre d'incivisme et d'agressivité que rien ne justifie. Cela s'étend du névrosé en mal de psychotropes qui impose, couteau à la main, qu'on lui en prescrive bon gré, mal gré, au forcené irascible qui, au moindre rappel à l'ordre, se met en boule et menace de «corriger» quiconque se dresse contre sa volonté. Cette image se reproduit tant de fois qu'elle est devenue coutumière. Nous composons avec». Interrogé sur l'opportunité de la présence sur place de policiers, notre interlocuteur apporte les précisions suivantes: «leur rôle se limite à prendre seulement acte de tout ce qui se passe, à relever l'affiliation des accidentés. Ils n'ont pas vocation à intervenir contre qui que ce soit. Et si nous subissons les outrages de quelque dépravé, nous faisons appel à la Sûreté de la wilaya qui dépêche des agents. Idem pour nos agents de sécurité: ils sont instruits de veiller à l'intégrité physique de l'hôpital, sans plus. Cela dit, il est prévu le recrutement, d'après les assurances du nouveau directeur général, d'un groupe d'agents de sécurité spécialement rompus à ce genre d'interventions qui sont par essence dissuasives». A noter que le pavillon des urgences, terminologie galvaudée avant de finir par être vidée de son sens parce que rarement respectée, accueille en moyenne 400 à 500 patients, entre vrais et faux malades, par jour. Le pic est souvent atteint durant la période estivale et à plus forte raison, pendant les week-ends où, souvent, les salles de soins se transforment en champs de batailles avec son lot de désolation et d'amertume. D'où l'urgence qu'il y a, à sauver, aujourd'hui plutôt que demain, les urgences de l'hôpital de Souk-Ahras, des exactions subies et des châtiments qu'elles ne méritent nullement.

A. Gatouchi
Source : Le Quotidien d'Oran

Retour