Tifinagh : Les enseignants de tamazight tranchent et accusent
Jeudi, 30 novembre 2006

Les deux journées d’étude sur la graphie à adopter pour la langue amazighe ont été inaugurées hier dans la petite salle de théâtre de la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, où des universitaires spécialistes de la langue évoquent la question de la transcription de tamazight. L’Association des enseignants de tamazight de la wilaya de Tizi Ouzou, organisatrice de cette rencontre scientifique, a opté pour la présence du directeur de wilaya chargé de la culture, El Hadi Ould Ali, et du secrétaire général du Haut-Commissariat à l’amazighité (HCA), Youcef Merahi, qui ont collaboré à l’organisation de ces journées.
Avant le début des communications, le président de l’association, Mehenna Boudinar, ne manquera pas de rappeler que ces journées étaient initialement prévues pour l’année 2007 et qu’elles ont été avancées de plusieurs mois, suite aux déclarations du ministre de l’Education nationale qui ne cesse de lier la généralisation de l’enseignement de tamazight à la question de la graphie à adopter. Pour le président de l’association des enseignants de tamazight, «ce n’est là qu’un subterfuge pour freiner l’élan trouvé par la langue amazighe» depuis son introduction dans l’enseignement il y a onze ans. Pour lui, les praticiens ont déjà fait leur choix sur le terrain, tout en s’interrogeant sur «la volonté du ministre de saborder tout ce qui a été fait» par les spécialistes et les praticiens. «La question ne se pose plus et le choix a été fait. Pour nous, les enseignants ont adopté les caractères latins et c’est irréversible», martèlera M. Boudinar dont l’intervention sera suivie de celle du directeur de la culture, El Hadi Ould Ali, qui ne manquera pas de signaler l’importance de la question de la graphie. «Une question franchement capitale pour la suite du combat lié à son épanouissement et au renforcement institutionnel de sa position comme fondement civilisationnel de notre culture, identité et personnalité», dira le directeur de la culture pour qui «cette question purement scientifique ne peut être tranchée que par la communauté des scientifiques et des chercheurs […]
Des transcriptions en diverses langues sont proposées et le débat n’en est qu’à ses débuts : l’arabe, le tifinagh ou le latin».
Le secrétaire général du HCA, Youcef Merahi, aura un tout autre avis sur ce point précis, puisque, pour lui, ce débat n’a pas lieu d’être car «dépassé». Pour cela, il rappellera que deux colloques ont été organisés en 2001 sur la question et les caractères latins y ont été recommandés par les différents spécialistes qui ont participé mais «le gouvernement n’a pas suivi». «La question de la graphie est utilisée comme un spectre pour freiner l’épanouissement de la langue», dira M. Merahi qui rappellera que 156 élèves seulement suivent les cours de tamazight dans la capitale, signe pour lui que le gouvernement ne fait pas un grand effort pour généraliser l’enseignement de la langue amazighe.

M.B
Source :
La Tribune

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