Yennayer dhi Tlemcen
Samedi, 13 janvier 2007

Toutes les régions d’Algérie ont fêté Yennayer. Nouvel An berbère pour les uns, réminiscence du calendrier julien ou fête de la victoire des Berbères sur les pharaons, chacun y va de son analyse et de son explication. Si les raisons de cette fête annuelle comme celle de la consommation du couscous ne font pas l’unanimité, les deux éléments sont, parmi tant d’autres, constitutifs de l’identité algérienne. Le défilé des enfants de Beni Snous à Tlemcen à l’occasion de Yennayer et de l’ouverture du Festival du film amazigh démontre que les Algériens savent d’où ils viennent.
Les mêmes us et coutumes, pratiquement les mêmes plats traditionnels, que l’on soit Chelhi, Kabyle, Chaoui ou de toute autre région d’une Algérie immense et si diverse. Cette unité qui accompagne cette diversité démontre que le régionalisme n’est en fait qu’une vue de l’esprit de ceux qui sont au pouvoir ou qui aspirent à le prendre.
La mise en avant de particularités locales ou régionales ne peut être un programme politique.
Les actes régionalistes de certains dirigeants et les discours accusateurs de certains membres de l’opposition font que la majorité des
Algériens se sentent amoindris au profit d’autres. L’accueil réservé au Festival du film amazigh par les Tlemcéniens démontre que les clivages sont plus d’ordre idéologique et de partage de pouvoir que du sentiment d’appartenance à une localité donnée.
Cette communauté des citoyens à la base s’oppose aux divergences des dirigeants qui cherchent dans le régionalisme les excuses pour leurs échecs successifs.
Ces arguments fallacieux ne tiennent pas face à un terrain qui démontre qu’il y a une communion d’intérêts et que les manifestations à l’Est, à l’Ouest ou au Sud comme au Centre se font pour les mêmes motifs. Absence de logements et d’emplois, routes en mauvais état, élus incapables et corrompus sont des maux partagés par les Algériens quel que soit leur lieu de résidence. Ils partagent les mêmes maux qui rongent l’Algérie et les fêtes de la même manière. Par contre, les politiques algériens ont du mal à se défaire de certaines habitudes et de certaines amitiés. Le népotisme et le régionalisme se retrouvent aussi bien dans les partis au pouvoir que dans ceux de l’opposition. Les leçons de ce Yennayer fêté sur tout le territoire national sont claires pour ceux qui aspirent à diriger le pays. Les Algériens sont une communauté liée par l’histoire, le présent et l’avenir. Les discours d’exclusion n’ont pas tenu longtemps et ce, qu’ils soient d’essence islamiste, nationaliste ou régionaliste.
Les Algériens ont besoin de se sentir concernés par ce qui se passe dans leur pays. Ils ont besoin de savoir que leur avenir dépend d’eux. Ils ont besoin de se sentir utiles. Ils sont surtout fatigués d’être considérés comme des mineurs qui doivent éternellement attendre que les parents, détenteurs de pouvoir, leurs disent quoi faire et surtout comment.
Le régionalisme au pouvoir et la citoyenneté à la base ne peuvent pas faire bon ménage. Un festival à Tlemcen et Yennayer sur le territoire national sont les preuves que le peuple n’est pas régionaliste. Aux hommes politiques de le comprendre.

Amine Echikr
Source : La Tribune

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