El Kala - Autoroute dans le Parc National
Le ministre a qualifié celle-ci de “faux débat” à même de retarder les vrais chantiers
Dimanche, 17 Juin 2007

“Ce n’est pas la première fois qu’un parc national devrait être traversé par une autoroute”, a déclaré, hier et depuis Constantine, le ministre des Travaux publics après la polémique suscitée autour du tracé, à hauteur de la localité d’El-Kala dans la wilaya d’El-Tarf, de l’autoroute Est-Ouest.
En effet, plusieurs “voix locales” se sont élevées pour demander le changement du tracé initial de l’autoroute qui devait, selon l’étude du projet, passer par le parc naturel du même nom. “L’autoroute ne touchera que 0,2% de la superficie du parc, estimée à 800 km2”, précisera le ministre. Joignant pertinence et pédagogie, Amar Ghoul ajoute qu’un nouveau contournement dans cette région exige une rallonge de 200 km à l’autoroute, c’est-à-dire une dépense supplémentaire de 150 milliards de DA, soit six fois plus que le coût du tronçon actuel, tout en attendant cinq nouvelles autres années pour la réalisation.
Un gâchis que ni les populations locales, déjà pénalisées par l’énorme retard économique de la région, ni le citoyen ne sont prêts à payer. “Il n’est plus admissible de revoir le tracé car nous devrons prendre en considération, en plus des coûts et des délais de réalisation, le sort de l’autoroute une fois achevée. En effet, cette dernière doit être reliée à l’autoroute de Tunis pour assurer la continuité du tracé vers les autres pays maghrébins”. L’autoroute Est-Ouest est plus qu’un projet national, c’est un ouvrage à dimension internationale. Afin de lever toute équivoque, le ministre des Travaux publics a tenu à préciser que des spécialistes des différents secteurs se sont déplacés sur les lieux et ont donné leur aval quant à la validation de ce tronçon. Un avis que le Conseil des ministres a validé. “Jusqu’à nouvel ordre, l’autoroute passera par le parc, comme prévu sur le tracé initial, ce qui revalorisera du coup ce même patrimoine national”, conclut le ministre. Il faut savoir que le ministre des Travaux publics Amar Ghoul a assisté hier, au lancement des travaux de réalisation des deux tunnels de djebel Ouahch qui s’étendent sur une distance de 2 095 mètres. Le premier tunnel s’étend sur une distance de 1 800 m. Il relie la partie basse du djebel Ouahch à la clôture du parc d’attractions. Le deuxième tunnel, lui, reliera la sortie du premier tunnel à la localité de Didouche-Mourad, sur une distance de 295 m. Selon les précisions des techniciens de l’entreprise japonaise Cojaal, chargée du projet, le tracé de l’autoroute a été contourné au niveau du djebel Ouahch. C’est dire, qu’au lieu de trois tunnels, deux seulement ont été retenus, le troisième a été supprimé puisqu’il traversait une zone active de glissement. Les travaux de réalisation des deux passages ont été lancés en parallèle afin d’éviter tout retard.
à signaler que l’opération d’expropriation concernant cette tranche du tronçon de Constantine a été finalisée. Sur le terrain, le ministre a insisté sur la prise en considération des nouvelles règles de sécurité vis-à-vis des risques majeurs, dont les séismes et les glissements, conformément aux normes internationales. Par ailleurs, l’accent a été mis sur le maintien de la cadence des travaux et le respect des délais. Le chef du département des Travaux publics est revenu, lors de cette visite, sur le respect du volet social du business plan présenté par Cojaal, faisant allusion au recrutement massif des jeunes Algériens dans le cadre du programme lié à l’autoroute Est-Ouest. “Ces jeunes devront, dans un premier temps, profiter du savoir-faire étranger dans la réalisation de ce grand ouvrage pour participer à leur tour, et dans un deuxième temps, à l’amélioration du niveau de nos compétences nationales”, a-t-il indiqué.
En effet, d’après le cahier des charges signé avec l’entreprise Cojaal, plus de 69% de la main-d’œuvre devraient provenir du marché national de l’emploi. Pour le tronçon de Constantine, 700 jeunes ont été recrutés, jusque-là, alors que le total des besoins s’élève à près de 6 000 ouvriers.

Madani R.
Source : Liberté

Commentaire :
Bien qu'il traverse pas un parc national, nous rappelons que le métro d'Alger a enregistré 20 ans de retard et son cout s'est multiplié par 1000 pour une seule raison : la corruption, l'incompétence. Le ministre et ses patrons les Abdelaaziz se soucient du retard et du cout du projet (sic) mais pas de l'avenir de la faune et la flaure. Une autoroute qui traverse le parc sera un facteur de sa revalorisation : logique implacable pour les responsables de la destruction durable.

El Kala - Pétition pour sauver le parc national
Dimanche, 17 Juin 2007

Le parc national d’El Kala (PNEK) est une aire protégée de 80 000 ha située dans l’extrême nord-est de l’Algérie. C’est l’un des plus importants centres de biodiversité en Méditerranée. Il rassemble sur une superficie relativement peu étendue plusieurs écosystèmes typiques de cette région de la planète. Sa partie marine est peuplée de faune et de flore qui ont pour habitat ses herbiers de posidonies et ses récifs de corail rouge. La côte que se partagent des criques rocheuses et de petites plages de sable servaient il n’y a pas si longtemps encore d’abris pour le phoque moine ou de lieu de ponte pour la tortue verte ou la tortue caouane. Les maquis littoraux de chêne kermès et les forêts de chêne-liège couvrent les basses collines qui enserrent le complexe de zones humides unique en Méditerranée. Ils cèdent la place au majestueux chêne zen dans la partie montagneuse du sud. C’est le domaine du cerf de barbarie, du lynx caracal, de l’hyène rayée, du renard roux ou doré, de la mangouste, de la genette, du chat sauvage, du porc-épic, du hérisson, de la loutre... Autour des lacs et des cours d’eau qui les alimentent, dans les marécages et les sols détrempés, le chêne s’efface pour laisser la place à l’aulnaie, la forêt humide de nos contrées. Le patrimoine du parc est impressionnant : 850 espèces végétales, le tiers de la flore d’Afrique du Nord, 37 espèces de mammifères dont 2 chiroptères et l’hypothétique phoque moine, 21 rapaces nicheurs dont l’aigle pêcheur et le faucon d’Eléonore, 70 espèces oiseaux d’eau dont le fuligule nyroca ou l’érismature à tête blanche, 9 oiseaux marins, une centaine de passereaux, des centaines de fleurs, d’orchidées, le nénuphar blanc, etc. Tous ont besoin de ces habitats dans leur intégralité pour survivre et se reproduire naturellement. Un parc national n’est pas, contrairement à l’idée répandue, un territoire figé sur une carte, réservé exclusivement au tourisme ou au safari. Il a une fonction. C’est un outil inventé pour gérer des espaces naturels et avec lequel, il y a 25 ans à El Kala, l’Algérie a décidé de mettre sous protection l’inestimable patrimoine naturel de cette région. Les parcs nationaux conservent la vie sous toutes ses formes et expressions et c’est là le rôle qui leur a été confié lorsque l’homme a pris conscience des dégâts qu’il causait à sa source de vie, de nourriture, de remèdes, de savoir, de récréactivité. En décidant de créer un parc national à El Kala en 1983, l’Etat algérien a pris l’engagement d’y laisser l’avantage à la nature et à son épanouissement au titre de part d’héritage des générations futures. C’est le statut de l’aire protégée. Au fil des ans, le PNEK a eu à subir des dégradations dont certaines sont extrêmement graves et probablement irréversibles, mais elles ne causeront pas, mêmes toutes réunies, autant de tort que le tronçon de 20 km de l’autoroute Est-Ouest qui doit le traverser dans sa partie centrale. Ce petit bout d’autoroute, en dehors des nombreux dommages qu’il va engendrer, va déclasser le parc national en lui faisant perdre son statut d’aire protégée au sens que lui donnent les définitions et concepts de la conservation de la nature. Le parc national ne pourra plus être appelé parc national. Il va donc disparaître et il n’y aura plus rien pour assurer le minimum de protection à son territoire. Voilà où réside le véritable danger apporté par ce bout d’autoroute. Il faut à tout prix empêcher cela. Il faut différer la réalisation de ce tronçon et chercher des solutions qui contribuent à la fois aux objectifs de conservation de la nature assignés au parc et à ceux du développement du réseau routier. Les solutions existent. Elles font appel à l’imagination, à la compétence, à la probité. Pour toutes ces raisons, les signataires de cette pétition qui sera adressée à Monsieur le Président de la République demandent de surseoir à la réalisation du tronçon de l’autoroute pour permettre de rechercher des tracés qui ne compromettent pas l’existence du parc national d’El Kala.

Source : El Watan

Voir aussi :

El Kala : A larecherche d'un itinéraire
El Kala : Les raisons d'un entêtement
El Kala : Les effets positifs du CO2 selon <<l'Ogre>>
El Kala : Une autoroute dans les cervaux
El Kala : Le Parc National Menacé

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